Summary: | Cette thèse s’intéresse au corpus d’énoncés reconnu légitime pour asseoir un parler dit « normatif ». L’engouement pour la langue des Arabes et son apprentissage s’est fait - depuis la propagation de l’Islam - de plus en plus fort. L’arabe devient alors objet d’étude. Très tôt, à une époque encore discutée, s’organise une grande collecte des éléments constitutifs de ce qui allait servir de base à l’établissement des codes linguistiques de la langue arabe. En parallèle, s’effectue également une autre collecte : celle des récits sur les dits et faits du Prophète Muḥammad, composant le corpus du Hadith (ou de la Tradition dans une plus large mesure). Ainsi, le Hadith est-il incontestablement devenu une des sources les plus importantes, presque incontournable dans les sciences arabo-islamiques. À la mesure de la place qu’il occupe dans beaucoup de disciplines, on aurait pu s’attendre à ce qu’il ait une légitimité prépondérante dans le domaine de la grammaire arabe mais il n’en est pas ainsi. Contre toute attente, le Hadith semble n’arriver qu’à une place subalterne. Le grammairien, qui tient un discours ou une discussion sur la langue, se base sur un corpus d’énoncés reconnu légitime pour asseoir des règles grammaticales et celui-ci regroupe essentiellement le Coran et les propos arabes (poésie et prose anciennes). Dans le discours grammatical, le Hadith n’est peut-être pas absent, mais il voit sa légitimité extrêmement discutée. Nous avons essayé d’éclaircir ce point en inscrivant cette polémique dans un questionnement plus global. Nous nous sommes intéressé à l’étude du rapport entre la légitimité de la langue et les différents corpus qui forment son assise. Quels ont été les critères d’inclusion et d’exclusion entrant en compte pour la constitution de ce corpus ? Quel outil représentait chacun des textes (Coran, Hadith et Kalam al-ˁArab) pour le grammairien ? Au-delà des assertions, nous avons observé l’attitude du grammairien avec ces différents textes prenant soin de mettre en exergue à la fois les particularités mais aussi les points communs de ces sources. === This thesis deals with the corpus of statements recognized as legitimate in order to establish a so-called "normative" speech. The enthusiasm for the Arabic language and its study became increasingly strong with the spread of Islam. Arabic becomes an object of study. Very early on, at a time still being discussed, a large collection of elements constituting what would serve as a basis for the establishment of the linguistic codes of the Arabic language was organized. At the same time, there is also another collection: that of the narratives on the said and the facts of the Prophet Muḥammad, composing the corpus of Hadith (or Tradition to a greater extent). Thus, the Hadith has undoubtedly become one of the most important sources, almost impossible to circumvent in the Arab-Islamic sciences. Given the major role it plays in many disciplines, one might have expected it to have a preponderant legitimacy in the field of Arabic grammar, but this is not so. Against all expectations, the Hadith seems to arrive only at a subordinate place. The grammarian, who holds a discourse or a discussion on the language, bases himself on a corpus of statements recognized as legitimate in order to establish grammatical rules. This corpus essentially groups together the Quran and the words of the Arabs (ancient poetry and prose). In grammatical discourse, the Hadith may not be absent, but its legitimacy is extremely debated. We have tried to clarify this by putting this polemic into a more global questioning. We are interested in studying the relationship between the legitimacy of the language and the different corpuses that form its foundation. What were the inclusion and exclusion criteria for the constitution of this corpus? What tool did each of the texts (Qur'an, Hadith and Kalam al-ˁArab) represent for the grammarian? Beyond the assertions, we have observed the attitude of the grammarian toward these different texts taking care to highlight both the peculiarities but also the common points of these sources.
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