Summary: | La décennie des années 1970 est caractérisée en Italie par un « cycle de protestation » et des mobilisations politiques et sociales de grande ampleur, qui s'accompagne – sans s'y limiter – d'une vague de violences politiques de natures très diverses, des attentats à la bombe mis au point par l'extrême-droite aux attentats ciblés de la lutte armée d'inspiration marxiste-léniniste, en passant par les débordements occasionnés par des manifestations ou des agressions. Ces violences s'inscrivent dans des stratégies d’intimidation qu'il s'agit de replacer précisément dans des cultures politiques qui se donnent comme objectif d'utiliser, parfois explicitement, la peur comme outil d'intervention politique, occasion de replacer les différents « terrorismes » dans la perspective de trajectoires de radicalisation. Quels sont les résultats socio-politiques de ces manœuvres visant à généraliser la guerre psychologique ? Au fil de la décennie et en comparant, sans les confondre, les différentes formes de « terrorisme » et leurs effets, se dessine une géographie et une chronologie de l'imprégnation de la peur : au-delà de l'effet de terreur qui dure peu, la violence « terroriste » installe un climat de peur durable, un sentiment de menace qui devient, à partir de 1978, un fait incontournable et que nombre de sources contemporaines permettent de saisir. Se pose alors la question de la représentation de la peur dans l'espace public et politique, son instrumentalisation éventuelle dans des stratégies propres au gouvernement ou à l'opposition, et l'absolue nécessité de rassurer, y compris au prix d'une mise en tension des mesures de sécurité avec les valeurs de l'État de droit. === The 1970s in Italy are characterized by a new “cycle of protests” and a dramatic rise in social and political mobilization. These movements were accompanied by – although not limited to – a wave of political violence of various types, from right-wing bombings to targeted attacks by armed underground Marxist-Leninist organizations, and a great number of outbursts of collective violence during demonstrations and street fights. Not all of this violent activity falls under the heading of “terrorism”, rather it should be considered within the broader context of a political climate where intimidation tactics were on the increase and fear was, sometimes explicitly, used as a political tool. The political culture facilitated the use of violence in a process of radicalisation. What are the socio-political results of such a strategy of intimidation and psychological warfare? Analysis of the different strategies and their effects reveals a propagation of fear through the decade, resulting in a sustained climate of terror and the sense of a pressing threat, particularly from 1978 onwards. This raises the question of the effects of repetitive terrorist attacks, and the representation of fear in the public and political sphere: at the same time a destabilizing factor and a tool for legitimising political activities.
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