Summary: | La métaphysique comme branche de la littérature fantastique : une lecture wittgensteinienne de Borges. L'une des formules de Borges tient que la "métaphysique" n'est qu'une branche de la littérature fantastique. Caractérisant la logique borgésienne d'une "ludique" herméneutique - celle de lire les textes philosophiques à partir des narrativités qu'ils autorisent- cette remarque semble pourtant soulever une question proprement philosophique : celle du statut de notre concept ordinaire d'objet. D'après la proposition wittgensteinienne, notre concept d'objet physique n'est qu'un concept "logique". La question demeure ainsi de savoir si nos jeux de langage ordinaire épuisent sa grammaire, et dans quelle mesure les fictions et les essais de Borges, qui jouent avec celle-ci, devraient être considérés comme un élargissement, ou bien comme une distorsion de la grammaire ordinaire de l'objet. Il s'agira ainsi d'interroger, d'un côté, si les textes borgésiens tolèrent une lecture analytique ; d'un autre, de démontrer comment la fiction, en recadrant à chaque fois le partage entre dire et montrer, permet d'en détourner, ou bien d'en dépasser la "logique". === Metaphysics as a branch of fantastic literature: a Wittgensteinian reading of Borges. One of Borges' slogans holds that "metaphysics" is only a branch of fantastic literature. Characterizing the Borgesian logic behind a playful hermeneutics -i.e., the possibility to read philosophy througout the narrativities it authorizes- this remark seems to raise a strictly philosophical question, namely that of the status of our ordinary concept of object. According to Wittgenstein, our concept of physical object is just a "logical" concept. The question thus remains whether our ordinary language games exhaust its grammar, and to what extent Borges' fictions and essays, as an attemp to play with it, should be regarded as an extension, or rather as a distortion of the ordinary grammar of the object. It will thus be necessary to inquiry, on the one hand, whether the Borgean texts tolerate an analytic reading; on the other, to show how each fiction, by reframing all over again the split between saying and showing, makes it possible to divert or rather to go beyond its "logic".
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