Summary: | Partant de la difficulté qu’il y a à définir le « cinéma politique », ce travail se propose dans un premier temps de synthétiser, d’organiser et d’actualiser les savoirs disponibles sur le sujet. L’objectif est d’esquisser un panorama, non des films eux-mêmes, mais des discours théoriques qui accompagnent leur développement et fixent leurs objectifs. Ces discours peuvent être rassemblés en trois grands modes de lecture, en fonction de la définition qu’ils donnent de la politique et de la manière dont ils la rendent disponible pour les films. La deuxième partie procède à partir d’une hypothèse inverse : certes, on peut identifier des formes d’engagement dans les arts, mais on peut également constater que la politique est traversée par des logiques esthétiques, au sens de ce qui a trait à la perception et à la sensation (fictions, procédés de mise en scène, modes de distribution de l’espace et du temps). Or, si l’expérience esthétique est une modalité de l’expérience politique, cela signifie que les œuvres d’art peuvent avoir un rôle à jouer dans la manière dont une société se donne à voir, à éprouver, se transforme. À partir de là, il reste à imaginer les conséquences de cette hypothèse dans le champ de la théorie du cinéma, l’enjeu étant de parvenir à formuler un quatrième mode de lecture des films : la lecture esthétique. Les onze thèses qui composent la troisième partie s’efforcent d’en dessiner les contours, sur le plan à la fois théorique et méthodologique. Enfin, des analyses de films des années 1960 (une période qui passe souvent pour « moins politique » que la suivante) viennent mettre en pratique la lecture esthétique, explorer ses possibilités, éprouver ses limites. Chaque analyse se présente comme le contrechamp d’une thèse, de manière à illustrer la complémentarité des discours et des images. L’ambition de ce travail est donc de proposer une nouvelle analytique du cinéma politique, mais aussi de montrer ce que les films sont susceptibles d’ajouter aux problèmes politiques dont ils héritent. === Noticing how difficult it is to understand the notion of “political cinema”, I intend to summarize, arrange and update the knowledge on this subject. Part I presents an overview of theoretical discourses that try to define the purpose of political films. These theories can be gathered into three major reading frameworks, depending on the definition of politics they rely on and the way they extend it to include filmic phenomena. Part II reverses the perspective: it certainly is possible to identify several forms of commitment in the movies, but one can also notice that politics itself is woven from aesthetic logics, i.e. issues of perception and sensation (fictions, staging, directing, partitions of space and time). Yet if aesthetic experience is involved in political experience, it means that works of art can play a crucial part in the way a given society takes its definite shape, produces determined feelings, evolves. This hypothesis prepares the ground for a fourth reading framework that I present as a legitimate candidate to fulfill the task of understanding political cinema: the aesthetic reading. Part III consists of eleven theses that try to outline it, from both a theoretical and a methodological point of view. Finally, I put the aesthetic reading into practice by providing analyses of films from the 1960’s, a time often seen as “poorly committed”. The intention is to investigate the relevance of the aesthetic reading and its limits. Since politics is about discourses and images complementing one another, the whole part adopts an alternate structure, each analysis immediately following and expanding on a thesis. This study thus aims at renewing the methods and purposes of political film analysis, but also intends to understand what a film can do to the political problems it inherits.
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