Summary: | Jane Austen (1775- 1817) vécut à une période de ruptures politiques, économiques et sociales sur lesquelles se greffèrent des expériences de la séparation sur les plans familiaux, personnels mais également professionnels et littéraires qui engendrèrent un sentiment de déchirure, sinon conscient, du moins profond. Le sentiment de la déliquescence du lien social et le besoin conséquent de liant qui émanent de ses 9 romans sont le reflet littéraire de ces expériences initiales fortes de la déliaison. De ce constat – navré – de la fragmentation du monde résulte l’élaboration d’une véritable éthique de l’attachement qui témoigne d’une préoccupation centrale pour les notions de sociabilité, de bienveillance et de politesse. Celles-ci définissent le souci d’autrui comme la voie tant de l’harmonie sociale que de la félicité et de la moralité, mettant en avant le rôle essentiel de la médiation d’autrui dans la constitution du sujet et établissant Austen non seulement en véritable romancière de l’union mais en romancière conservatrice. Cependant, chez Austen, le maillage se fait également procédé d’écriture, relevant d’une volonté de structuration, d’ordre et de contrôle scripturaux, qui, si elle accorde une place de choix au lien avec le lecteur, n’est pas sans présenter des ambivalences conséquentes. Le maillage ne cacherait-il pas autre chose qu’un besoin de relier le monde ? Ne participerait-il pas, au final, à définir Austen comme une romancière de l’Ego, travaillée par la notion de désir et partageant notamment les préoccupations de ses contemporains romantiques ? === Our project is to offer an analysis of the nine major works of English novelist Jane Austen. Austen (1775-1817) lived through a time of political, economic and social changes, on top of which came further personal and professional experiences of loss and separation which led to an overwhelming sense of fragmentation. As to counter what she deemed a serious threat to her world, Austen thus elaborates a profound ethics of attachment, testifying to a real concern for the notions of sociability, sympathy and politeness, which bears striking similarities with Shaftesbury’s philosophy. Concern for others is defined as the only real path towards social harmony, personal felicity and morality, underlining the centrality of social relationships in Austen’s representation of the individual. However, we will throw light on the complexity and problems of such representation, so as to show how instrumental those ambivalences are in defining Austen actually as a novelist of the « I », preoccupied with the notion of personal desire and sharing the concerns of her Romantic contemporaries as early as Northanger Abbey and Sense and Sensibility.
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