Summary: | Nous vivons une époque faite de mythes qui vont diffuser des idéologies et favoriser une forme de « présentisme », selon les mots de François Hartog : une injonction au mouvement et pourtant, une incapacité à incarner ce mouvement. L’hypothèse centrale de ce travail de recherche est que pour sortir de cette impasse il faut s’extraire de la lecture générationnelle du numérique, qui considère celui-ci comme un événement à part entière, pour développer une lecture dynamique par une appropriation des « économies de la grandeur » de Luc Boltanski et Laurent Thévenot. Cette lecture va nous permettre de densifier le présent et va dévoiler une partie des structures qui conditionnent les organisations ( dans le cas de ce travail : OuiShare et Renault). On va ainsi observer le numérique en situation, au cœur de la dialectique entre le système productif et le système social. De cette manière nous allons l’appréhender comme le catalyseur de transformation plus profondes comme celles qui touchent le travail et son organisation. Pour ce faire nous avons dû redonner à ces organisations qui régentent le travail une forme de plasticité tout en interrogeant les théories qui les caractérisent. Nous avons ainsi fait émerger trois dimensions, comme autant de ligne de crête qui conditionnent le travail et son organisation dont l’équilibre est aujourd’hui remis en question par le numérique: la concentration du capital, la concentration des moyens de production, la concentration de la capacité d’organisation. L’intention de ce travail de recherche est d’alimenter une approche complexe du numérique et de ses effets sur les modes d’organisation du travail et sur notre société en général afin d’ouvrir des pistes d’adaptation sociale et de créativité politique. === Our era is rich with myths that help disseminate certain ideologies and favor a form of ‘presentism’. François Hartog see’s this as a constant compulsion to keep moving and yet an inability to embody the progress we make. This research proposes as its main hypothesis that a resolution to this conundrum requires a step away from the generational reading of the digital, which treats its rise as an event in its own right, and instead embrace a more dynamic reading in alignment with Luc Boltanski and Laurent Thévenot’s notion of “economies of grandeur” (« économies de la grandeur »). In doing so, this reading will allow for a better understanding of the present while unveiling the structures that shape organisations today (in this case OuiShare and Renault). We shall consider the digital in different situations, to shine light on its dialectical position between the productive and the social system where it functions as a catalyst for profound transformations, notably regarding work and the organization of labor.To do so, we must however recognize a certain plasticity of the organizations that govern work, while also questioning the theories that characterize them. Three dimensions are seen to emerge here: the concentration of capital, the concentration of means of production and the concentration of the capacity of organizations. By shining light on new routes of social adaptation and political creativity, this research therefore aims to foster a more complex approach towards the ‘digital’, its effects on the different modes of work organization and on society as a whole.
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