Summary: | En s’inscrivant dans le récent sillage historiographique consacré à la dimension métropolitaine de la conflictualité armée, cette recherche a analysé les milieux et les formes urbaines de l'extrémisme à Rome dans l’après-68. Par une approche interdisciplinaire - qui a intégré l’apport de la philosophie, de l'urbanisme, de la sociologie, de la géographie urbaine, des sciences politiques - cette étude a reconstruit la relation entre le territoire urbain et la mise en œuvre d’une violence subversive, souvent à caractère meurtrier et terroriste, dans le cadre de la modernisation nationale activée par le "boom économique" (1958-1963) et des dynamiques propres à la « guerre froide ».On a porté une attention particulière à l’appréhension des processus de transformation idéologique et culturelle, mûris au sein de la « crise urbaine » affectant le mauvais et difficile développement de Rome dans l'après-guerre, qui ont permis à la première métropole italienne de devenir l'écosystème unique et catalyseur de cette conflictualité extrême, au-delà des simples facteurs géopolitiques (crise européenne de l'idée d'atlantisme) et socio-économique (explosion des luttes sociales pour la revendication de biens et services propres à la modernité consumériste).Cette étude est remontée aux facteurs de division caractérisant la structure, le tissu et l’ambiance de Rome. Il s’agit des clivages fondamentaux, en place dès le début de l’époque républicaine (1946), sur lesquels s’implantent ensuite, au lendemain du boom économique, les processus de radicalisation qui accompagnent les multiples luttes revendicatives - dans les domaines du quartier, du travail, des écoles et de l’Université - engendrées par une modernisation de la capitale brutale et déséquilibrée. Notre recherche a, de ce fait, démontré que les différentes « expériences d’antagonisme » muries au sein de cette vaste contestation sociale, ont servi finalement d’incubateurs où une partie de la militance extraparlementaire romaine, issue de la mobilisation soixante-huitarde, s’est initiée à différentes pratiques subversives (notamment les répertoires de l’illégalité de masse et de la guérilla clandestine).La prise en compte de tous ces niveaux et ces dimensions a fait ressortir les particularités de la violence politique déployée à Rome dans l’après-68, tout en attribuant la juste proportion au « poids » de la capitale d’Italie dans le déploiement à l’échelle nationale de la « stratégie de la tension » (1969-1974) et des « années de plomb » (1975-1982).Cette recherche s’est donc engagée dans la reconstruction d’un cadre historique global, mettant en connexion diachronique les faits et les dynamiques internes à la ville (d’ordre social, économique, culturel, idéologique, politique et urbanistique) avec le système étatique centré à Rome – marqué par les pressions du « rideau de fer », les lourdes séquelles de la dictature fasciste et de la guerre civile, la fragilité gouvernementale et le manque de cohésion nationale – le long des années de la modernisation et de l’entrée dans la société d’abondance en Italie. === Following the new historiographical path focused on the urban dimension of the armed struggle, this research analyses the milieus and the forms of the political extremism in Rome after ‘68. By an interdisciplinary approach – which integrates the contribution of philosophy, of urban studies, of sociology, of urban geography, of political sciences – this study rebuilt the relation between urban territory and the implementation of a subversive violence, often lethal and terrorist, in the context of the national modernization activated by the “economic boom” (1958-1963) and of the “cold war” dynamics. A special attention is payed to the apprehension of the ideological and cultural evolutions - grown inside the “urban crisis” which affects the critical development of Rome in the post-war period – that transformed the biggest Italian metropolis in a perfect ecosystem for this extreme conflict, far beyond the only effects of the geopolitical (European crisis of the Atlanticism) and socio-economic factors (explosion of the social struggles claiming the fruition of goods and services created by for consumerist modernity). This study went back to the basic divisions of the structure, the society and the environment of Rome: the fundamental cleavages, appeared at the beginning of the republican time (1946), over which, after the “economic boom”, a process of radicalization (due to the growing of the social struggles in the fields of the local community, work, school and the University, generated by a brutal and unbalanced modernization of the town) is established. Our research, so showed that the various “experiments of antagonism” matured within this vast social protest, were used finally as incubators where part of the roman extremist militancy, resulting from the end of ’68 mobilization, was initiated with various subversive practices (in particular, the repertoires of the mass illegality and of the clandestine guerrilla). Considering of all these levels and these dimensions highlighted the characteristics of the political violence deployed in Rome after ’68, while allotting the right proportion to the “weight” of the capital of Italy in the national deployment of the “strategy of the tension” (1969-1974) and the “years of lead” (1975-1982). This research thus strives to reconstruct a comprehensive historical framework, putting of diachronic connection the facts and the dynamic of the metropolis (social economic, cultural, ideological, political and urban factors) with the State system based in Rome – characterized by the pressures of the “iron curtain”, the heavy after-effects of the fascist dictatorship and the civil war (1943-1945), the governmental frailty and the lack of national cohesion – along the years of modernization and of the entry in the age of abundance for Italy.
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