Summary: | Est-il possible de construire à travers Internet un sentiment solidaire transnational vis-à-vis des revendications politiques restreintes à un cadre strictement national ? Quels liens peuvent naître et se déployer dans ce but de solidarité ? Quels sont alors les dispositifs technologiques et les espaces communicationnels à disposition, comment l’information se diffuse-t-elle et trouve-t-elle un public, et enfin de quelle manière est-il possible d’en mesurer l’impact ? La thèse tente de répondre à ces questions à l'aune de la seconde révolution égyptienne de 2013 qui a provoqué la chute du gouvernement de Morsi. Dans un climat national de forte polarisation politique, cette révolution a été accompagnée par une vague d’activisme en ligne : au sein des réseaux sociaux se sont ainsi développés des espaces virtuels d‘information, de coordination et de débats. Or, parmi ces espaces, certains ont pour vocation de susciter une réponse solidaire de la part d’une audience étrangère éloignée des événements politiques en Égypte et de ses enjeux. Pour donner à comprendre une telle communication transnationale, ce travail fait dialoguer un portrait socio-historique des jeunes protagonistes de la vague révolutionnaire égyptienne avec une description analytique des mécanismes visuels de communication de la page Facebook Operation Egypt dont la résonnance dans les espaces virtuels a été remarquable. Cette double perspective répond au désir de saisir les causes profondes de l’activisme en ligne de la jeunesse égyptienne « connectée » afin d’appréhender conjointement un contexte historique particulièrement marqué par une volonté de changement politique et l’avènement d’une rencontre liant étroitement la contestation juvénile et les nouvelles technologies d’information. Enfin, la thèse pose un regard sur la construction d’une solidarité transnationale connectée. Le travail de terrain présente une approche expérimentale mixte, qualitative et quantitative. Du côté qualitatif, une démarche sémiologique a été développée pour analyser les œuvres visuelles contestataires expressément conçues pour circuler sur les médias sociaux et faire l’objet d’une diffusion transnationale. Du côté quantitatif, les données recueillies visent à documenter la portée des différentes formes d’interaction virtuelle nationale et internationale engendrées par ces contenus.L’enquête menée permet enfin d’intégrer une réflexion sur la fonction de cette typologie d’espaces virtuels comme media de discussion publique et leur contribution à l’émergence d’une sphère publique transnationale. === Is it possible to build a transnational sense of solidarity across the Internet with regards to strictly national political demands? What links can arise and be deployed towards achieving solidarity? What are the technological devices and communication spaces available, and how does information spread and find its audience? Finally, how is it possible to measure the impact of such dynamics?This thesis attempts to answer these questions in light of the second Egyptian Revolution of 2013 that led to the fall of the Morsi government. In a national climate marked by strong political polarization, this revolution was accompanied by a wave of online activism: virtual spaces of information, coordination and debate unfolded within social networks. Among these spaces, some were intended to elicit a desire for solidarity from a foreign audience distant from the political events in Egypt and its issues.To help understand such transnational communication, this work combines a socio-historical portrait of the Egyptian Revolution’s young protagonists with an analytical description of the visual communication mechanisms of Operation Egypt – a Facebook page that had vast impact in virtual spaces. This dual perspective responds to a desire to grasp the root causes of the online activism of Egypt’s “connected” youth in order to jointly apprehend a historical context particularly marked by a desire for political change, as well as the advent of a closely linked encounter between juvenile protest and new information technology. Finally, this thesis focuses on the construction of connected transnational solidarity.The fieldwork presents a mixed, qualitative and quantitative experimental approach. On the qualitative side, a semiological approach has been developed to analyze the visual works of protest expressly conceived to transnationally circulate on social media. On the quantitative side, the data collected is intended to document the scope of the various forms of national and international virtual interaction generated by this content.Finally, this study allows us to integrate a reflection on the function of this typology of virtual spaces as the media of public discussion and their contribution to the emergence of a transnational public sphere.
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