Summary: | Depuis quelques années, certains metteurs en scènes européens prennent des initiatives particulièrement audacieuses dans leurs adaptations de textes classiques, coupant le texte, modifiant l’ordre des monologues et allant jusqu’à injecter des morceaux de textes écrits par eux ou bien issus d’autres oeuvre littéraires. Ils n’hésitent plus à "se mettre en scène", c’est-à-dire à traiter avant tout leurs propres questions existentielles par l’intermédiaire des textes classiques, se libérant ainsi de toute pression exercée sur eux par les interprétations textuelles faisant autorité ou bien par les représentations de ces textes dans l’imaginaire collectif, et emmenant les textes classiques dans un "ailleurs" très personnel. Leurs mises en scène dépassent la fragmentation et le désordre propres au théâtre postmoderne et s’attachent au contraire à raconter une histoire cohérente, centrée sur les préoccupations intimes du metteur en scène. Ce nouveau type de mises en scène s’appuie sur des influences diverses, depuis André Antoine jusqu’à Heiner Müller, en passant par Stanislavski, Artaud et Brecht, et constitue une nouvelle étape dans le processus d’autonomisation de l’art de la mise en scène à l'oeuvre depuis le XIXème siècle. Le corpus de cette thèse comprend quatre récentes adaptations (réalisées entre 2008 et 2011) de textes classiques : Hamlet de Thomas Ostermeier, Hamlet de Nikolaï Kolyada, Roméo et Juliette d’Olivier Py et Un tramway de Krzysztof Warlikowski (à partir de Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams). Il comprend également une mise en pratique sous la forme d’une adaptation, Pygmalion - J’ai créé une femme (à partir de Pygmalion de George Bernard Shaw), réalisée par l’auteur de la thèse en 2014 au sein des Théâtres Nationaux de Turquie, et ayant permis de tester les arguments et conclusions tirés des analyses précédentes. === In recent years, some European directors are taking particularly bold initiatives in their adaptations of classic texts, cutting the text, changing the order of monologues and even injecting pieces of texts written by them or from other literary works. They do not hesitate to "stage themselves", that is to say, to treat primarily their own existential questions through the classic texts, thus releasing any pressure exerted on them by the authoritative textual interpretations or by the representations of these texts in the collective imagination, and taking the classic texts in a very personal "elsewhere". Their stagings exceed the fragmentation and disorder specific to postmodern theater and focus instead on telling a coherent story, centered on the intimate concerns of the director. This new type of staging draws on diverse influences from André Antoine to Heiner Müller through Stanislavski, Brecht and Artaud, and represents a new stage in the empowerment process of the art of staging at work since the nineteenth century. The corpus of this thesis includes four recent adaptations (conducted between 2008 and 2011) of classic texts: Thomas Ostermeier’s Hamlet, Nikolai Kolyada’s Hamlet, Olivier Py’s Romeo and Juliet, and Krzysztof Warlikowski’s A Streetcar (from A Streetcar Named Desire by Tennessee Williams). It also includes a practical application in the form of an adaptation, Pygmalion - I Created A Woman (from Pygmalion by George Bernard Shaw), directed by the author of the thesis in 2014 in the Turkish State Theatres and having tested the arguments and conclusions from previous analyzes.
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