Summary: | Consacrer une recherche monographique à un architecte vivant est un exercice d’autant plus ardu que Claude Parent (né en 1923) œuvra à se mettre en scène, autant dans son travail qu’à travers son activité de critique. Le regard historien le plus détaché ne peut être totalement neutre face à des réalisations souvent peu patinées par la mémoire, bien que parfois déjà patrimonialisées. C’est peut-être le moins volontaire des paradoxes que Claude Parent aima à construire autour de sa personne. À travers ses très nombreux écrits, il se construit un personnage de scandale et, pour cela, s’est tôt présenté comme marginalisé par la profession. Il se revendiqua néanmoins « homme de chantier », humble devant la force de l’acte architectural. Cette étude se situe dans le genre consacré de la monographie. Celui-ci est cependant revisité par un croisement avec l’étude des acteurs de la profession d’architecte à l’époque où Claude Parent en débat publiquement, avec l’analyse des structures de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre, et avec l’étude des politiques d’urbanisme dans lesquelles l'architecte inscrit ses réalisations autant que ses spéculations théoriques. Cette recherche s’attarde aussi sur la complexité des rapports normatifs que la critique architecturale entretient avec les pratiques projectuelles et constructives. Claude Parent s’étant pensé autant en architecte qu’en homme de médias, sa stature professionnelle et publique composite, ainsi que son regard sur l’époque, non moins complexe, éclairent particulièrement bien les décennies 1950-1990, encore peu étudiées en histoire de l’architecture === To dedicate a monographic research to an alive architect is a difficult exercise, particularly since Claude Parent (born in 1923) himself contributed to his own myth-making, as much in his work as through his activity as a critic. The most detached historian outlook cannot be totally neutral in front of buildings often little skated by memory, although sometimes already considered like « heritage ». It is maybe the least voluntary paradoxe which Claude Parent liked to build around his person. Through his numerous articles, he builds himself a character of scandal and, because of this, was somewhat marginalized by the profession. He claimed to be nevertheless a « man of construction », humble in front of the strength of the architectural act. This study follows the general practice of the monography. It is however revisited through the study of the actors of the architectural profession when Claude Parent debated publicly the subject, with the analysis of the commissioners and architects, and with the study of the urban politics in which the architect places his buildings and his theoretical speculations. This research also questions the complexity of the normative relationships which architectural criticism entertains with design and constructive practices. Claude Parent considers himself like an architect as well as a man of medias. His professional, public and composite stature, as well as his outlook on the period, more complex, shed light on the decades 1950-1990, still little studied in the history of architecture
|