Summary: | L’histoire des relations haïtiano-dominicaines est marquée par la violence et le conflit. La situation géographique des deux États, leurs différences ethniques, culturelles, linguistiques ainsi que leurs fractures économiques et sociales constituent les principaux facteurs de leurs relations antagoniques. Pourtant, la constance et la récurrence de ces conflits sont ponctuées de périodes de détente plus ou moins longues. Au niveau de la Doctrine, ces périodes de coopération pacifique renvoient aux thèses libérales émergeant de la revue de littérature réalisée dans le cadre du présent travail de recherche. Ainsi, tour à tour, les deux États, au cours de leur histoire, ont mis en avant le libéralisme commercial de Montesquieu, le libéralisme institutionnel et régulatoire de Grotius et le libéralisme démocratique et républicain d’Emmanuel Kant comme moteur de stabilité et de paix sur cette île dont la particularité est d’être partagée entre deux États indépendants. Malgré la pertinence de ces thèses très populaires dans le domaine des Relations internationales, il convient de constater que les échanges commerciaux, les institutions bilatérales et l’instauration de la démocratie dans les deux pays n’ont pas empêché la résurgence constante des phénomènes de violences et de conflits entre les deux peuples. S’inscrivant dans la logique d’une stabilité géostratégique durable entre les deux pays, le présent travail envisage le cyberespace, dans sa dimension plurielle, comme un puissant vecteur de paix, lequel s’appuie sur l’articulation d’une cyberstratégie ancrée dans la notion de « géocyberstabilité ». Celle-ci se situe dans la droite ligne de la pensée aronienne faisant des concepts de dissuasion, de persuasion et de subversion des notions évidemment applicables au cyberespace. Ainsi, les discussions qui en résultent juxtaposent à ces concepts aroniens celui de l’ « équilibre cyberconditionné des forces » selon lequel la distribution approximativement égalitaire des capacités numériques entre les pays est porteuse de paix et de stabilité. Appliquée aux relations haïtiano-dominicaines, cette cyberstratégie constituerait un gage de paix et de stabilité entre les deux pays. === The history of Haitian-Dominican relations is teinted with violence and conflicts. The geographical location of the two States, their ethnic, cultural, linguistic differences as well as their economic and social fractures are the main factors of their tense and antagonistic relationship. However, the consistency and the recurrence of these conflicts are interspersed of shorter or longer periods of relaxation. These periods of peaceful cooperation are generally determined by respected liberal theories developed in the field of International Relations. The two States have in turn highlighted the commercial peace theory of Montesquieu, the institutional and the legal peace theory of Grotius, the democratic and the republic peace theory of Emmanuel Kant as the foundation for peace and stability on this island whose characteristic is to be shared between two independent States. Despite the relevance of these theses, it is appropriate to note that trade, bilateral institutions and the establishment of democracy in both countries have not prevented the steady resurgence of violence and conflict between the two nations. Enrolling in the quest for a lasting peace between the two countries, this thesis sets up cyberspace as a solid bridge linking the two peoples through a cyberstrategy anchored in the notion of “geocyberstability”. This cyberstrategy extends Aron’s concepts of deterrence, persuasion and subversion to that of “cyberconditioned balance of power” suggesting that a relatively even distribution of digital capabilities between countries is conductive to peace and stability. Aron’s views are likely to apply to cyberspace. In fine, applied to the Haitian-Dominican relations, the aforesaid cyberstrategy represents a pledge of peace and stability between the two countries.
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