« Mauvaises filles » : portraits de la déviance féminine juvénile (1945-1958)

Cette étude, qui porte sur la spécificité de la déviance féminine juvénile dans l’immédiat après- imguerre, s’inscrit dans une histoire de la justice, de la jeunesse et du genre. Á partir d’archives judiciaires, les dossiers individuels du Tribunal pour enfants de la Seine et du Centre d’observation...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Blanchard, Véronique
Other Authors: Poitiers
Language:fr
Published: 2016
Subjects:
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Online Access:http://www.theses.fr/2016POIT5001/document
Description
Summary:Cette étude, qui porte sur la spécificité de la déviance féminine juvénile dans l’immédiat après- imguerre, s’inscrit dans une histoire de la justice, de la jeunesse et du genre. Á partir d’archives judiciaires, les dossiers individuels du Tribunal pour enfants de la Seine et du Centre d’observation de Chevilly-Larue, elle retrace, à travers les mots des « experts » et les paroles des jeunes filles, l’essentiel de la sociabilité juvénile féminine, tout en cernant le contexte social et familial des classes populaires dans le Paris de la Libération. Ces éléments permettent de mettre en lumière l’importance des normes de genre dans la société des années 1950 : une « mauvaise fille » n’équivaut pas à un « mauvais garçon ». Cette thématique est abordée en termes de parcours et de portraits. Ainsi se dégagent les trois figures centrales de ce travail : des délinquantes, peu dangereuses pour le corps social ; des fugueuses, nombreuses et inquiétantes car susceptibles de tomber dans la troisième catégorie, la plus menaçante : celle des débauchées. La dimension morale est donc au centre des attentes concernant les conduites féminines juvéniles. L’intervention de la justice, par conséquent, se présente essentiellement comme le régulateur des supposés débordements sexuels des adolescentes : le traitement judiciaire des mineures délinquantes, fugueuses et débauchées, se résume à leur enfermement dans des institutions religieuses. Tout en soulignant le poids de l’ordre moral et l’importance du contrôle social dans la décennie qui suit la Seconde Guerre mondiale, cette étude pointe néanmoins également la force de résistance et l’élan vital de certaines de ces « mauvaises filles », incorrigibles, qui se jouent des conventions et décident malgré tout de vivre libres. === This study focuses on the specific features of feminine juvenile delinquency in the immediate post war period. It is situated at the crossroads of the history of Justice, Youth and Gender. Based on judiciary archives -- the individual files from the Seine Juvenile Court and from the« Observation center » of Chevilly-Larue (both located near or in Paris) – it analyses the experts' words and the girls' own voices, while endeavouring to locate them in the social and family contexts of the working classes in the decade following the Liberation of Paris. These elements pinpoint the central position of gender norms in the 50s: a “bad girl” is not the female version of a “bad boy”. Portraits of girls and their trajectories illustrate this statement. From this detailed study, three central character emerge: the offenders – who are not so dangerous for society; the runaways, numerous and ominous because they are likely to fall into the third category, that of the depraved, who are the most threatening. Morality is therefore at the core of society’s expectations regarding feminine juvenile conduct. Consequently, the intervention of Justice consists mainly in regulating the female teenagers and their supposed sexual misconduct. The judiciary response to minor offenders, runaways and depraved girls resides inevitably in confining the delinquent in a catholic institution run by nuns. While this work shows how heavy handed were the moral order and social control in the 1950s, it also illustrates the agency, strength and vitality of some of these “bad girls”, irredeemable, playing with social conventions and deciding to live freely -- whatever the cost.