Les choses qui s'effacent : le cinéma de Michael Cimino à l'épreuve de l'histoire (1974-1996)

L'oeuvre de Michael Cimino (1939-2016) constitue un objet atypique dans le paysage de la production cinématographique américaine contemporaine. Féru d'histoire, de géographie, de peinture et de littérature, le cinéaste n'aura en définitive donné naissance qu'à sept long métrages...

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Bibliographic Details
Main Author: Donnat, Cédric
Other Authors: Paris 10
Language:fr
Published: 2016
Subjects:
War
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Kracauer

Donnat, Cédric
Les choses qui s'effacent : le cinéma de Michael Cimino à l'épreuve de l'histoire (1974-1996)
description L'oeuvre de Michael Cimino (1939-2016) constitue un objet atypique dans le paysage de la production cinématographique américaine contemporaine. Féru d'histoire, de géographie, de peinture et de littérature, le cinéaste n'aura en définitive donné naissance qu'à sept long métrages ; après des débuts prometteurs (le succès mondial de son second film), ses ambitions artistiques sont brutalement, et irrémédiablement, contrariées par la réception très négative, tant publique que critique, de sa représentation de la mise en valeur des territoires occidentaux dans Heaven's Gate. Desinit in piscem écrivait Horace : avec ses trois dernières réalisations relevant davantage de la commande que de la création (The Sicilian, Desperate Hours et Sunchaser), la filmographie ne donne pas une forme achevée à l'immense ambition historiographique et esthétique révélée par la vaste fresque construite de The Deer Hunter (1978) à Year of the Dragon (1985). Pour autant, Cimino est parvenu à édifier une grammaire cinématographique exigeante et originale, à même d'exprimer un rapport à l'histoire qui, réfutant tout didactisme, relève fondamentalement d'une entreprise de déconstruction du grand roman national américain. Dans une telle perspective, l'enjeu ultime du propos s'apparente à un voyage, une quête des traces laissées par le passage du temps, non dans les institutions (les « superstructures » des catégories marxistes) mais au niveau infra, celui des individus et de la gemeinschaft. Du Vietnam aux plaines du Wyoming en passant par la métropole new-yorkaise, le continuum historique est appréhendé, modelé, à l'aune des changements qui affectent les existences humaines. La filmographie de Cimino doit en réalité peu au cinéma : elle tire sa raison d'être non des images préexistantes mais de la vie elle-même ; c'est pourquoi la pensée de Siegfried Kracauer, qui voyait dans la « rédemption de la réalité matérielle » la fonction essentielle du septième art, mais aussi ses développements ultérieurs (conduits notamment par Antoine de Baecque) fournissent l'assise théorique nécessaire à la bonne intelligence d'une pensée animée par la célébration de l'ineffable beauté des choses qui s'effacent, c'est à dire de l'histoire. === Michael Cimino’s work makes up an atypical item in the contemporary American film scene. Keen on history, geography, art and literature, the filmmaker actually only produced seven feature films ; after some promising beginnings (the global success of his second movie), the way he portrayed the emphasizing on Western territories in Heaven’s Gate was very badly received by both the audience and the critics, those negative reviews suddenly and irreversibly hampered his artistic ambitions. Horace wrote Desinit in piscem ; as his last three productions issued more from orders than from creation (The Sicilian, Desperate Hours and Sunschaser), the filmography does not stand for the completed historiographical and aesthetic ambition revealed by the historical epic depicted from The Deer Hunter (1978) to Year of the Dragon (1985). Nonetheless Cimino managed to develop a demanding and original cinema grammar capable of expressing a link with history which disproves all didactic and stems from an urge to deconstruct the great national American novel. With such a purpose in mind the issue at stake is similar to that of a trip, a quest for the traces left by the passing of time, not in the institutions (the ‘superstructures’ in the Marxist groups) but in the infrastructures, those of the individuals and the gemeinschaft. From Vietnam to the plains of Wyoming via New York City, historical continuity is considered in terms of -and affected by- the changes in human beings’ lives. Cimino’s filmography cannot be claimed by the cinema : it does not arise from preexisting pictures but from life itself. That’s why Siegfried Kracauer, who thought ‘redeeming material reality’ was the ultimate role for the cinema - as his further work (lead by Antoine de Baecque ) also showed - gave a necessary theoretical basis to a sensitive thought stoked by the celebration of the indescribable beauty of things that fade, i.e. of history .
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