Summary: | Ce travail de thèse est une ponctuation majeure de mon itinéraire, à la fois personnel et professionnel. Outre la connaissance des auteurs et des problématiques contradictoires sur les banlieues et les jeunes, particulièrement en France, je vais y engager des pratiques d’enquêtes, singulièrement sur les formes de consciences et de pensée des gens, dont Sylvain Lazarus proposait la méthodologie et les attendus problématiques sous l’intitulé de l’anthropologie des singularités subjectives. Je n’ai cessé depuis de m’y confronter, à Grigny mais aussi à Dakar et au Brésil dans le cadre de l’Observatoire des Banlieues et de Périphéries avec lequel je travaille depuis sa création en 2008. La thèse rend compte de ces différentes enquêtes en particulier :- l’une auprès des jeunes- l’autre auprès des professionnels tant de l’éducation que du travail social avec les enfants et les jeunes. Le résultat de ces enquêtes, appuyés sur l’étude des textes officiels ont confirmé ce dont m’avait convaincu ma propre expérience : le rapport des institutions aux jeunes, disons de l’État aux jeunes s’est qualitativement transformé dans le milieu des années 1990 : la défiance s’est substituée à la confiance, l’éducatif a été abandonné, lui a été substitué le sécuritaire.Ce travail de thèse analyse séquence par séquence cette transformation, en prenant appui aussi sur l’histoire interne de la Grande Borne et de ses drames, en particuliers les morts violentes des jeunes.Dans la partie introductive de la thèse est examinée la pertinence de la catégorie de jeunes. Aux propositions sur la catégorie de jeunes Olivier Galland, Alain Girard, Evelyne Sullerot et Dominique Pasquier, répond l’assertion sans appel de Pierre Bourdieu : « jeunes, cela n’existe pas »Puis est analysé comment dans la littérature académique et aussi dans les discours officiels, le mot ghetto, accolé à banlieues, va être un vecteur majeur d’appui de l’approche sécuritaire. Dans la partie 1 de la thèse sont analysés d’une part les auteurs qui théorisent la qualification de ghetto Dubet, Lapeyronnie, et Bronner mais également les arguments de ceux qui s’y opposent, Wacquant, Lazarus, Mucchieli, Ben-Messous. La partie 2 de la thèse confronte et met en perspective les politiques actuelles à l’endroit des jeunes avec ce qu’il en était dans les années 1974, et ce grâce aux remarquables enquêtes menées à Grigny auprès des enfants et leurs familles, auprès des assistantes sociales, des animateurs et des enseignants, par l’équipe de chercheurs du CNRS dirigée par Marie Josée Chombart de Lauwe. Sont également étudiés les arguments de l’architecte de la Grande Borne, Emile Aillaud, qui justifie en 1970 l’absence d’équipements de jeux pour les enfants à la Grande Borne, par l’apologie de l’enfant solitaire qui ainsi affronte l’ennui.Marie Josée Chambart de Lauwe décrira quelques années plus tard les conséquences désastreuses du choix d’Emile Alliaud dans son livre L’enfant en jeu. Elle affirme sa fidélité à l’esprit de l’ordonnance de 1945 qui stipule que, à l’endroit des enfants doit primer, dans le système judiciaire et pénal, l’enjeu éducatif sur la sanction. Cette référence au CNR traverse toute la thèse, la question étant de sauvegarder à tout prix l’importance majeur de l’éducatif dans les politiques publiques à l’endroit des jeunes, et ce dans une conjoncture ou, au nom du sécuritaire, beaucoup demandent que soient abandonnés les principes de l’ordonnance de 1945.La troisième partie de la thèse est consacré aux résultats des enquêtes auprès des habitants, précisément l’existence d’une pensée « du point des gens ». Celle-ci est complètement disjointe, séparée de la pensée dite du point de l’État et des institutions. Cette disjonction porte non seulement sur les mots, les lexiques, ils sont totalement différents mais également sur les intellectualités respectives === This thesis is a major punctuation of my itinerary, both personal and professional. In addition to the knowledge of the authors and the contradictory problems concerning suburbs and young people, particularly in France, I am going to engage in investigative practices, particularly on the forms of consciousness and thought of people, of which Sylvain Lazarus proposed the methodology and the Expected problems under the title of the anthropology of subjective singularities. I have never stopped confronting me in Grigny but also in Dakar and Brazil within the framework of the Observatory of Suburbs and Peripheries with which I have worked since its creation in 2008. The thesis reports on these different Investigations in particular:- one with young people- the other to professionals in both education and social work with children and young people. The results of these surveys, based on the study of the official texts, confirmed what my own experience had convinced me: the relationship between institutions and young people, say the state, for young people has changed qualitatively in the mid- 1990: distrust has replaced trust, the educational has been abandoned, it has been substituted the security.This work of thesis analyzes sequentially this transformation, taking also support on the internal history of the Great Borne and its dramas, in particular the violent deaths of young people.In the introductory part of the thesis is examined the relevance of the category of young people. To the proposals on the category of young Olivier Galland, Alain Girard, Evelyne Sullerot and Dominique Pasquier, answers the assertion without appeal of Pierre Bourdieu: "young, it does not.Then is analyzed how in the academic literature and also in the official speeches, the word ghetto, attached to suburbs, is going to be a major vector of support of the security approach. In part 1 of the thesis are analyzed the authors who theorize the qualification of ghetto Dubet, Lapeyronnie, and Bronner but also the arguments of those who oppose it, Wacquant, Lazarus, Mucchieli, Ben-Messous. Part 2 of the thesis confronts and puts into perspective the current policies towards young people with what it was in the years 1974, thanks to the remarkable surveys carried out in Grigny among children and their families, Social workers, facilitators and teachers, by the CNRS research team led by Marie Josée Chombart de Lauwe.The arguments of the architect of the Grande Borne, Emile Aillaud, justify in 1970 the absence of play equipment for children at the Grande Borne, by the apology of the lonely child who thus confronts 'boredom.Marie Josée Chambart de Lauwe described a few years later the disastrous consequences of the choice of Emile Alliaud in her book L'enfant en jeu. She affirms her fidelity to the spirit of the 1945 ordinance which stipulates that, Of the children must take precedence, in the judicial and penal system, the educational stake on the sanction. This reference to the NRC goes through all the thesis, the question being to safeguard at all costs the major importance of education in public policies towards young people, in a conjuncture or, in the name of the security, many ask That the principles of the 1945 Ordinance should be abandoned.The third part of the thesis is devoted to the results of the surveys of the inhabitants, precisely the existence of a thought "from the point of people". This is completely disjointed, separated from the so-called thought of the state and institutions. This disjunction concerns not only words, lexicons, but also totally different intellectualities.
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