Summary: | Cette thèse se propose d’étudier comment, dans un contexte postrévolutionnaire de déchristianisation et de recul des pratiques religieuses, des écrivains catholiques, s’affranchissant de la tutelle de l’Église, s’octroient le magistère ecclésial et confient à la littérature – en tant qu’œuvre de fiction et d’imagination – la mission de renouveler le discours apologétique. Barbey d’Aurevilly, Bloy et Bernanos s’inscrivent ainsi dans le sillage de Chateaubriand, qui opéra le premier, avec le Génie du Christianisme, ce renversement fondateur. Les trois écrivains réinvestissent alors une forme rhétorique ancienne : celle de l’exemplum. La première partie de ce travail s’attache à en retracer les évolutions, en prêtant attention aux transformations qu’il subit au moment de sa christianisation, mais aussi à la continuité qui permet, de l’exemplum aristotélicien à l’histoire tragique, de mettre au jour sa structure constante. Les parties suivantes s’intéressent à la manière dont Barbey, Bloy et Bernanos construisent le récit pour obtenir la conversion du lecteur : la seconde partie s’intéresse aux procédures d’authentification de la fiction ; la troisième partie a pour objet la mise en place du dispositif figural permettant aux écrivains de relever le défi de l’indicible divin. La quatrième et dernière partie étudie les moyens mis en œuvre pour agir sur le lecteur, et modifier effectivement son attitude en le poussant à la pénitence. === This thesis aims to study how, in a post-revolutionary context of dechristianization, some Catholic writers set free from the Church authority and enable literature itself (as a work of fiction and imagination) to renew the apologetic discourse. Barbey d’Aurevilly, Bloy and Bernanos continue the founding shift in perspective that Chateaubriand started with the Génie du christianisme. These three writers use an ancient rhetoric narrative form called the exemplum. The first part of this work focuses on the evolutions of this form, and more specifically on the metamorphosis caused by its Christianization; but it also highlights its constant structure, from its theorization by Aristotle, until its latest use by the authors of “histoires tragiques”. The next three parts of the thesis deal with the way Barbey, Bloy and Bernanos conceive their narrative in order to obtain the religious conversion of their reader. The second part shows how the writers authenticate fiction; the third part focuses on the way they react to the difficulty of naming the divine: the authors resort to the figuration of this inexpressible object. Finally, the fourth part studies the means these narratives use to produce an effect on their readers, and make them actually change their moral behavior.
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