Summary: | Par la présente recherche, nous cherchons à soutenir que dans l'éducation philosophique du jeune Nicolas de Cues (entre 1424 et 1431), la tradition albertine de Cologne, diffusée par Heymeric de Campo, a joué un rôle important. Nous pensons aussi que les traces de cette influence de l'albertinisme colonien émergent en particulier dans les écrits épistémologiques du Cusain, en particulier dans le De coniecturis et dans la collection « Idiota ». Nous montrerons que Nicolas de Cues, qui a personnellement connu Heymeric, a eu grâce à lui connaissance des doctrines néo-platoniciennes qui émergent dans le De docta ignorantia et dans les œuvres cusaniennes des années 1440. Contrairement à la perspective historiographique, qui a soutenu une origine byzantine du néoplatonisme de Nicolas de Cues, nous voulons ici montrer une origine colonienne. Nous sommes également convaincus que cette approche méthodologique permet de saisir efficacement la pensée de Nicolas de Cues dans son contexte historique, « 1430-1464 », et topographique, « entre Cologne et Rome ». Elle fournit aussi une clé pour éclairer le rapport entre la philosophie de Nicolas de Cues et certains penseurs modernes : la Cusanus-Renaissance de la première moitié du XXe siècle avait attribué à Nicolas de Cues le titre de « premier philosophe moderne » parce que, contrairement à la tradition scolastique, il aurait placé au centre de ses œuvres le problème de la connaissance humaine, ouvrant ainsi la voie à la révolution subjectiviste de la modernité. Une telle attention pour la connaissance humaine se retrouve également dans la tradition albertine, décrite comme un « illuminisme » au Moyen Age === In this research, we present the hypothesis that the Albertist tradition in Cologne played a significant role in how young Cusanus acquired his philosophical education, in the years from 1424 to 1431, and that the mediator was Heymericus de Campo. We claim that some traces of this albertist influence can be seen above all in Cusanus' gnoseological works, particularly in De coniecturis and in the Idiota collection. Contrary to the historiographical perspective that maintained the hypothesis that Cusanus’ neo-Platonism derived from Byzantine thought, we should like to sustain here that it originated in the school of Cologne and Rhenish philosophy. We are further convinced that this methodological approach provides an efficient tool for interpreting and capturing Cusanus’ thought within its contexts, both historical ( from “1430 to 1464”) and geographical (“from Cologne to Rome”). Moreover, finding traces of Albertism in Cusanus’s education and works offers a new key to interpreting and clarifying his relationship with modern philosophy. The Cusanus-Renaissance in the first half of the twentieth century saw in Cusanus the first modern philosopher because, unlike those of the Scholastic tradition, he was thought to have placed human knowledge at the core of his works, thus paving the way for the modern, subjectivist revolution. From this standpoint, Albert the Great and his “school” seem be be forerunners of the modern tradition, so much so that it was described as “Enlightenment in the Middle Ages
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