Summary: | Cette thèse inscrit sa réflexion sur la pédagogie et la didactique du chinois langue étrangère (LE) dans une perspective historico-épistémologique. S’appuyant sur le processus de disciplinarisation comme fil directeur, elle comprend deux axes principaux : l’histoire de l’enseignement et l’épistémologie des savoirs à enseigner. Notre questionnement porte sur les conditions qui ont rendu possible la construction disciplinaire du chinois comme LE dans le système éducatif français. Il s’agit non seulement des conditions externes (économiques, politiques, sociales) qui ont permis l’émergence et l’institutionnalisation de l’enseignement du chinois dans le contexte précis de la France ; mais aussi et surtout des conditions de possibilité internes que sont la construction des savoirs enseignables, la transposition didactique, les continuités et les ruptures épistémologiques, ainsi que le fonctionnement intrinsèque du système éducatif. Notre enquête s’étend du début du XIXe siècle à nos jours. Elle porte sur quatre institutions dans lesquelles les cours de langue chinoise se sont introduits de façon graduelle : le Collège de France, l’Institut national des langues et civilisations orientales, l’université et enfin l’enseignement primaire et secondaire. L’objectif de cette recherche est de monter que le chinois enseigné comme LE n’est pas un objet « donné », préétabli, mais un objet construit et toujours à reconstruire en fonction de finalités pédagogiques et didactiques. Ainsi le chinois langue vivante étrangère (LVE) défini comme discipline scolaire se distingue fondamentalement d’une formation universitaire par une plus grande normalisation et homogénéisation de ses savoirs. C’est d’ailleurs du fait de sa tradition de centralisation et de planification éducative que la France a joué un rôle précurseur dans le processus de disciplinarisation du chinois LVE. === This thesis focuses on the pedagogy and didactics of the Chinese language from a historical and epistemological perspective. Using the concept of “disciplinarisation” as its main focus, it explores two main aspects: the history of the teaching of Chinese and the epistemology of the knowledge to be transmitted. It analyzes the conditions that have made it possible for the Chinese language to become a subject taught in the French educational system. It addresses both the external conditions - economical, political and social conditions - that have made the emergence and institutionalization of the teaching of Chinese in France possible, but also - and more importantly - the internal conditions: the construction of teachable content, didactic transposition, the epistemological continuum and epistemological ruptures as well as the inner workings of the French educational system. This investigation focuses on a period that ranges from the beginning of the nineteenth century to today. It focuses on four different institutions in which teaching Chinese gradually appeared: the Collège de France, the National Institute of Oriental Languages and Civilizations, French universities and finally French primary and secondary schools. The goal objective of this research is to show that Chinese, as a foreign language, is not a fixed object but rather an object that was constructed and is still being constructed according to various pedagogical and didactic goals. Thus, Chinese as a subject taught in primary and secondary school is fundamentally different from Chinese as a university discipline in that the former is more normalized and more homogenous. Indeed, the pioneering role played by France’s national education system in establishing “Chinese as a foreign language” as a school subject can be attributed in large part to its long-held traditions of centralization and academic planning.
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