Summary: | La publication en 1492, par Marsile Ficin, de la première traduction latine des Ennéades et du monumental commentaire qui l’accompagne marque le retour de Plotin en Occident. Le manuscrit de travail de Ficin, le Parisinus graecus 1816 de la Bibliothèque nationale de France nous offre un témoignage exceptionnel concernant les principales étapes philosophiques et historiques qui ont marqué l’élaboration du Plotinus latinus. Les quelque 2500 annotations inscrites par Ficin sur les marges de ce manuscrit qui fut mis à sa disposition par Côme l’Ancien sont ici éditées, traduites et commentées. Cet important apparat exégétique jusque là inédit éclaire les différentes facettes du travail accompli par Ficin durant plusieurs décennies sur le texte très difficile de Plotin : des corrections apportées au texte transmis – une partie de ces interventions ont trouvé leur chemin jusque dans les éditions contemporaines sans toutefois que leur origine ait toujours été reconnue – à la confrontation doctrinale avec le néoplatonisme profondément original de Plotin, le manuscrit met en scène un Ficin soucieux d’intégrer les Ennéades dans sa vision à la fois chrétienne et platonicienne de la concordia philosophorum, mais aussi conscient des aspérités et audaces difficilement récupérables du texte plotinien. Cette lecture ficinienne des Ennéades produit à son tour de multiples échos dans l’oeuvre propre de Ficin et contribue ainsi à irriguer les débats philosophiques de la Renaissance et au-delà. === The publication in 1492 of the first Latin translation by Ficino of the Enneads and his monumental accompanying commentary marks the return of Plotinus in the West. Ficino's working manuscript, Par. gr. 1816 of the French Bibliothèque Nationale, offers us exceptional evidence concerning the major philosophical and historical milestones in the elaboration of the Plotinus latinus. The nearly 2,500 annotations written by Ficino in the margins of this manuscript, put at his disposition by Cosimo de' Medici, are here edited, translated and commented upon. This important, previously unpublished exegetical instrument illustrates the various facets of Ficino's work over several decades on Plotinus's very difficult text: through his corrections of the transmitted text – some of these interventions have found their way into contemporary editions though their origin has not always been recognised – in doctrinal confrontation with the profoundly original Platonism of Plotinus, the manuscript reveals a Ficino anxious to integrate the Enneads in his own vision – at once Christian and Platonic – of the concordia philosophorum, whilst at the same time conscious of the sneering and audacity hardly worth saving of the Plotinian text. This Ficinian reading of the Enneads found diverse echoes in Ficino's own work and thus contributed to philosophical debate in the Renaissance and beyond.
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