Summary: | Paru en 1983, The Bone People, le premier et à ce jour le seul roman de l'auteure néo-zélandaise aux origines maories Keri Hulme (1947-), a profondément marqué ses lecteurs, car il a montré, de façon poignante et unique, une image d'Aotearoa- Nouvelle-Zélande, de sa nature rugueuse, de ses habitants et de la richesse de la culture maorie. À l'inverse, les poèmes et les nouvelles de Hulme n'ont pas reçu le même accueil et n'ont été que très peu étudiés, c'est pourquoi nous nous y intéressons dans cette thèse. Ces textes brefs laissent au lecteur une sensation d'étrangeté. Est étrange ce qui est hors du commun, bizarre, surprenant. L'étrange possède un caractère indéfinissable, si bien qu'il est parfois impossible de dire précisément ce qui est à l'origine de ce sentiment singulier difficile à cerner, parfois inquiétant. L'objectif de notre étude est de mieux comprendre et d’expliquer les manifestations de l'étrangeté dans l'oeuvre courte de Keri Hulme. Pour ce faire, la première partie ancre l'oeuvre de Keri Hulme dans des contextes historique, culturel et littéraire afin de mieux cerner les identités contemporaines multiples de la Nouvelle-Zélande et de montrer l'affiliation littéraire de Hulme. Dans notre deuxième partie, nous étudions les rapports de l'humain à la nature et au vivant non-humain dans ce que nous nommons l'écriture écopoétique de Hulme. Enfin, dans la troisième partie, nous nous intéressons à la représentation de la hantise et du blocage dans la transmission immatérielle. Nous analysons la manière dont l'auteure se sert des caractéristiques formelles du genre de la nouvelle, mettant à l'épreuve et façonnant sa forme malléable pour exprimer des maux néo-zélandais et traduire la rupture dans la transmission de l'héritage culturel. Nous démontrons que l'écriture de Hulme offre aussi une forme de fantastique, qui invite le lecteur à accepter l'inexpliqué et à voir que se trouver dans un entre-deux culturel – maori et anglo-saxon – permet d'adhérer à deux systèmes de pensée qui confluent et s’enrichissent mutuellement. === First published in 1983, The Bone People, to this day the only novel by New Zealand author with Maori origins Keri Hulme (1947-), had a tremendous impact on its readers. It struck them for its capacity to show, in a unique and poignant way, an image of Aotearoa- New Zealand, its rough nature, its inhabitants and the enriching Maori culture. On the contrary, Hulme's poems and short stories were not read with the same enthusiasm and have been the subject of very few studies. This is the reason why I decided to focus on Hulme’s short texts in this dissertation. These short texts convey the uncanny, which can be defined as a feeling of unease, strangeness and unfamiliarity. What is strange can also be incomprehensible, so that it can be difficult to understand the origin of this feeling of unease. The aim of this study is to better understand and explain the manifestations of the uncanny in Keri Hulme short texts. The first part focuses on the historical, cultural and literary contexts in order to grasp the multiple contemporary identities of New Zealand and to show Hulme's literary affiliation. In the second part, I study the links between humans, nature and the non-human in what I call Hulme's ecopoetics. Lastly, I focus in the third part on the representation of haunting and the impossibility to pass on the cultural heritage. I study how the author uses and challenges the characteristics of the short story, shaping its malleable form to express New Zealand wounds. I also intend to demonstrate that Hulme's writings contain the fantastic, which invites the reader to accept what cannot be explained and realize that being in-between two cultures – maori and anglo-saxon – allows to better understand two belief systems that come together and enrich each other.
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