La médiatisation du roman africain en France (1953 - 2006)

Trois phases se distinguent nettement lorsqu’on étudie la médiatisation du roman d’Afrique noire en France. Les premiers romanciers africains francophones suscitent, au cours des années 1950, l’engouement des journalistes métropolitains car ils incarnent - à leurs yeux - le succès de la « mission ci...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Neuts, Claire
Other Authors: Versailles-St Quentin en Yvelines
Language:fr
Published: 2015
Subjects:
896
Online Access:http://www.theses.fr/2015VERS010S
Description
Summary:Trois phases se distinguent nettement lorsqu’on étudie la médiatisation du roman d’Afrique noire en France. Les premiers romanciers africains francophones suscitent, au cours des années 1950, l’engouement des journalistes métropolitains car ils incarnent - à leurs yeux - le succès de la « mission civilisatrice » de la France dans ses colonies. Cet intérêt s’émousse peu après les indépendances, survenues en 1960, au moment où la Guerre d’Algérie connaît ses derniers soubresauts. Pendant près de vingt ans, le roman africain souffre d’une faible visibilité médiatique dans l’Hexagone. Il est alors réservé à un public d’initiés. L’année 1980 marque, cependant, un tournant : la célèbre émission télévisuelle Apostrophes met en vedette, cette année là, « l’Afrique noire racontée par des romanciers ». Les œuvres littéraires de ce continent bénéficient depuis lors d’un regain d’attention, qui atteint son apogée la décennie suivante. Ainsi, l’écrivain togolais Kossi Efoui s’enthousiasme en 2002, dans le magazine Jeune Afrique, pour ce « boom des écrivains africains ». Mythe ou réalité ? Cette thèse entend explorer, d’une part, les conditions de la production romanesque africaine - soit sa création et son édition en France et en Afrique subsaharienne - et d’autre part, les modalités de sa réception par la presse écrite, la radio et la télévision françaises. Dans une perspective d’histoire culturelle, elle met en lumière un phénomène majeur de la seconde moitié du XXème siècle : l’introduction progressive du star-system dans les industries culturelles (celles du livre et des médias notamment) et ses répercussions sur les pratiques des différentes professions concernées, à savoir les écrivains, éditeurs, attachés de presse, critiques littéraires et journalistes. === The study of the media coverage of the black African novel in France reveals three distinct phases. In the 1950s, metropolitan journalists were full of enthusiasm for the first francophone African novelists, because they embodied - in the journalists’ eyes - the success of the French colonial “civilising mission”. This interest waned following the independences, around 1960, at the time when the Algerian war was in its final phases. Over a period of 20 years the African novel suffered from a lack of visibility in the French media. It became the preserve of a limited circle of connoisseurs. The year 1980 marked a turning point however: in this year the famous television programme Apostrophes turned the spotlight on « l’Afrique noire racontée par des romanciers » (“Black Africa as recounted by novelists”). Henceforth the literary works of this continent enjoyed renewed attention, which reached its apogee in the following decade. In 2003, the Togolese writer Kossi Efoui spoke enthusiastically of this “boom time for African writers” in the magazine Jeune Afrique. Was this a myth or reality? This thesis seeks to explore, first, the conditions of the literary production in Africa - both its creation and publication in France and sub-Saharan Africa - and second, its reception in the French printed press, on the radio and television. This cultural history sheds light on a major phenomenon of the second half of the 20th century: the progressive introduction of the cult of the celebrity in the cultural industries (the book and media notably) and its repercussions for the practices of the professions concerned, in other words writers, publishers, PR agents, literary critics and journalists.