Summary: | Cette thèse propose d’étudier le rôle de la musique dans des contextes émotionnels intenses. Dans les rituels d’invocation de Dieu, les soufis tentent d’accéder à un état spirituel supérieur en s’approchant de la connaissance immanente du monde divin. La confrérie šaḏiliyya place la musique au cœur de ce processus : l’écoute de poèmes d’amour mystique chantés, puis la production collective de gestes dansés porte l’émotion à son paroxysme, en une extase contemplative (wajd). Entre ethnomusicologie et psychologie cognitive, cette thèse présente des pistes de réflexion pour l’étude des musiques vocales de tradition orale et leur expressivité. Dans un premier temps, une étude ethnographique dépeint le quotidien d’une confrérie damascène, pour tenter de déterminer les éléments musicaux pouvant être source d’émotion. Après une exposition des théories psychologiques cognitives de l’émotion, une analyse musicale acoustique s’intéresse plus particulièrement aux stratégies de deux interprètes. === The purpose of this dissertation is to demonstrate the role of music in intense emotional contexts. In Sufi invocation rituals, believers try to reach to a superior spiritual state in their quest for divine knowledge. The šaḏiliyya brotherhood includes music at the core of this process : by listening to mystic love songs followed by collective dancing, emotion reaches its paroxysm in an ecstatic contemplation (wajd). This dissertation lies in between the fields of ethnomusicology and cognitive psychology. It introduces several lines of thinking concerning the study of vocal music belonging to the oral tradition and its expressivity. First, a description of a Damascene brotherhood doctrine will highlight emotional elements in rituals. Then, following a presentation of major theories of emotions in cognitive psychology, two interpretations of the same work will be compared using acoustic and prosodic methods of analysis.
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