Summary: | Cette thèse porte sur la mise en scène des répertoires traditionnels ouïghours, dans sa forme musicale, chorégraphique et théâtrale. Depuis plusieurs décennies, les grands spectacles pluridisciplinaires mettent en scène l’héritage culturel ouïghour. Ces spectacles, créés par les artistes de la communauté eux-mêmes, visent cette même communauté. Ils passent par des processus de réarrangement, de canonisation et surtout de théâtralisation (à l’occidentale) pour rendre l’art traditionnel brut présentable sur une scène. Ces constats mènent à s’interroger sur la manière dont la société ouïghour contemporaine écoute ses musiques et regarde ses danses. Les questions du rôle de l’art et de la culture dans la vie quotidienne et de leur impact sur le sentiment d’appartenance nationale sont au cœur de ces réflexions. Ce travail s’intéresse à l’origine de la professionnalisation issue des mouvements réformistes dans les années 1920-30. La création de troupes artistiques a joué à la fois un rôle éducatif et divertissant, mais aussi de symbole de résistance. Au cours du siècle, ce mouvement artistique a traversé plusieurs périodes, parfois même douloureuses. Mais aujourd’hui, la scène artistique est productive et de plus en plus active. Cette thèse s'appuyant sur l’étude de sources, sur des enquêtes de terrain, l’analyse des discours et des spectacles, essaye de dégager les mécanismes de représentation de soi des artistes ouïghours, en tant que peuple et nation, aux yeux du monde extérieur. En affirmant l'identité ethnique, ces mises en scènes participent efficacement à la construction nationale, un combat qui touche toute la communauté ouïghour, et tente de dresser une image reconnue tant par ses membres qu’aux yeux du monde. === This thesis focuses on the staging of Uyghur traditional art in its musical, chorographical and theatrical forms. For decades, large multidisciplinary performances depicted the Uyghur cultural heritages. Distended to share with their own, these performances are created by the artists of the community. Rearrangement, canonization, dramatizing (in Western style) are used to transform traditional art, to be more attractive on stage. This created an outstanding “bricolage” of all aspect of one culture, to be put in one space and in a limited time. These findings lead to questioning the ways of listening to music and watching dance in contemporary Uighur society. Equally, this phenomenon questions the role of art and culture in their everyday life. Furthermore, the impact of all these transformation on the sense of national identity is at the heart of our reflections. This thesis is interested in the origin of artistic professionalization established by the reform movements in the 1920s-30s, which played a role of educating and at the same time entertaining the population/poeple, and became a symbole of resistence in the region. Today, the stage represents an important aspect of uyghur society. After many years of fieldwork, analysing the discourse and different kinds of professional performances this thesis identifies the self- representation mechanisms of Uyghurs, as one nation, one ethnic group, to the outside world. It relies on historical sources, years of fieldwork in different regions of Xinjiang, includes different kinds of professional or amateur performances, and interviews of the actors and experts's discourse.
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