Summary: | L’objectif de cette thèse est de comprendre la fabrication du texte littéraire « francophone », en reconstituant l’archéologie, du point de vue de la réception dans la presse française (revues et journaux), de cette catégorisation des œuvres écrites en français par des auteurs nés hors de France, en particulier dans les colonies. Quelle posture intellectuelle, idéologique, esthétique est observée au regard de ces écrivains ? Pour quelles raisons leurs écrits ne sont-ils jamais rattachés à la mémoire de la littérature nationale ? Quelles lectures le critique littéraire fait-il des œuvres d’auteurs issus des colonies françaises ? Quel est son rôle dans l’élaboration de la catégorie contemporaine « littérature francophone » ? Le corpus choisi débute en 1921, année où R. Maran reçoit le prix Goncourt pour Batouala et s’arrête aux lendemains de la parution des Soleils des Indépendances d’A. Kourouma en 1970. La recension critique de la presse fournit des éléments d’interprétation permettant de cerner les raisons pour lesquelles cette production littéraire, longtemps demeurée invisible, jamais rattachée à l’histoire littéraire, se trouve cantonnée à l’anthropologie et a surtout retenu l’attention pour sa dimension documentaire, revendicative.L’analyse des mécanismes mis en œuvre pour classer, trier, donc construire des frontières, des marges entre ce qui relève du fait littéraire vs non littéraire, montre les processus de fabrication du concept « littérature francophone » après les indépendances. La fabrique de cette catégorie participe à l’élaboration et à la perception d’un monde séparé, éclaté, aux antipodes de celui, poreux, hybride, créolisé promu par E. Glissant. === The objective of this thesis is to understand the manufacturing of the “Francophone” literary text, from the perspective of its reception in the French press (magazines and newspapers), restoring the archeology of this categorization of the works written by French authors born outside France, particularly in the colonies.Which is the intellectual, ideological, aesthetic posture observed towards those writers? Why are their writings never connected to the memory of the national literature? How does the literary critic read the works of authors from French colonies? What is his role in the development of the contemporary category of "francophone literature"?The corpus chosen begins in 1921, when R. Maran received the Prix Goncourt for Batouala and ends in the aftermath of the publication of The Suns of Independence by A. Kourouma in 1970.The critical review in the press provides elements of interpretation enabling the identification of the reasons why this literary production, long remained unseen, never related to literary history, is confined to anthropology and has mostly received the attention because of its documentary, revendicative dimension.The analysis of the mechanisms used to classify, sort, in order to build borders, margins between what is non-literary vs literary, shows the manufacturing process of the concept of "francophone literature" after the independence. The manufacturing of this category is involved in the development and perception of a separate, broken world at the opposite of that, the porous, hybrid, creolized, promoted by E. Glissant.
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