Summary: | Notre thèse interroge la place et le statut de la fonction de surveillance dans les établissements secondaires publics dont elle est demeurée le parent pauvre au regard des missions de formation et de transmission. Pourquoi, en dépit de son caractère indispensable, est-elle si peu valorisée et n’est-elle pas devenue une profession ? Incontestablement, la fonction de surveillance et le maintien de la discipline dans leur évolution ont subi des mutations. Or, de quelle nature sont-elles ? A quels mécanismes de fonctionnement et finalités éducatives répondent-elles ? Et qu’en résulte-t-il de leurs influences sur les pratiques professionnelles des surveillants actuels ? Pour répondre à ces questions, la thèse adopte une approche socio-historique, à savoir une exploration historique de la fonction de surveillance, articulée à une étude sociologique de caractère empirique de la réalité contemporaine de la surveillance et du maintien de la discipline. Elle a pour cadre conceptuel et théorique l’analyse institutionnelle. L’identification et l’analyse des évolutions concernant la surveillance et le maintien de la discipline montrent que ces derniers ont connu des régressions mais aussi des innovations inédites. Au 19e siècle, l’enseignement secondaire reposait sur l’internat dont la fonction de surveillance et de maintien de la discipline en était la cheville ouvrière alors qu’étaient décriées leurs compétences éducatives et le régime disciplinaire vertical répressif et coercitif dont ils étaient l’incarnation. Les tentatives de leur revalorisation visaient la suppression du « dualisme » entre la fonction de surveillance et le professorat. La réforme issue de la commission Ribot (1898) réussira ce rapprochement mais la fonction et le maintien de la discipline en sortiront déqualifiés. Toutefois, au 20e siècle, convaincus que l’avenir de la fonction ne sera pas la voie du professorat, la surveillance et le maintien de la discipline investiront le champ éducatif en s’inspirant des méthodes de l’Education nouvelle où le cadre disciplinaire est celui de l’autodiscipline. Cependant, face aux conservatismes mais également en raison de la cohabitation antagonique d’un pouvoir disciplinaire vertical des adultes et celui transversal des élèves, les expériences en la matière demeureront vaines. La fonction actuelle s’inscrit dans l’accompagnement social qui répond à une « souffrance » alors qu’émergent paradoxalement au sein de l’institution scolaire des dispositifs coercitifs impliquant des institutions dont les pratiques professionnelles de leurs acteurs rejoignent celles des surveillants. Il s’agit bien là d’un contrôle social, notamment, depuis que la notion de lutte contre la violence et l’insécurité s’est substituée à celle de maintien de la discipline. Au total, le principal résultat de notre thèse réside dans la mise en lumière de l’évolution de la fonction de surveillance dans l’enseignement secondaire public, considérée sur un siècle et demi, à l’intersection de sa finalité éducative, de sa place au sein de l’institution scolaire et des logiques sociales qui la sous-tendent. === Our thesis questions the way surveillance and order are maintained in secondary public schools, but also the reasons why supervising positions have remained under looked. Why these latter, singular and essential, are not valued and a real career path? Undeniably, the surveillance position and maintenance of discipline have changed along the way. But what kind of changes ? To what operating mechanisms and educational goals do they respond to ? What impact do they have on current supervisors professional behavior? To answer that, this thesis has a socio-historic approach with institutional Analysis as conceptual and theoretical framework. The identification and analysis of developments on the supervision and maintenance of discipline show that they have experienced regressions but also unprecedented innovations. In the 19th century, secondary education was based on boarding schools, in which surveillance and maintenance of discipline was the cornerstone even though their educational skills and the repressive and coercive vertical disciplinary regime they embodied was being decried. Attempts at their revaluation sought the removal of "dualism" between the surveillance function and teaching staff. The reform from the Ribot commission achieved this reunion but the position and maintenance of discipline were unqualified. Yet, in the 20th century, convinced that the future of this position will not be through teaching, surveillance and maintenance of discipline will enter education inspired by methods from New Education, where the disciplinary framework is a self-government. However, against conservatism but also because of the antagonistic coexistence of a vertical disciplinary power by adults and transversal by students, experiences in this area will remain unsuccessful. The current position is part of social support that responds to a "suffering" while paradoxically emerge within the school institution coercive systems involving institutions whose professional practices join those of supervisors. It is indeed social control, especially since the concept of fighting violence and insecurity has taken over maintenance of discipline. Thus, the interest of our thesis is to shine a light on the evolving state of surveillance and maintenance of discipline so that their functional logic, education purposes and matter of their right place and role are made intelligible.
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