Parents indignes et enfants en danger : profils et destins des enfants moralement abandonnés de la Seine (1881-1914)

En 1881, l’Assistance publique à Paris crée le service des enfants moralement abandonnés, en empruntant à la philanthropie le patronage des adolescents des milieux populaires, pour prendre en charge des mineurs des deux sexes qui échappent aux normes de socialisation (famille, école et apprentissage...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Boudaya, Olfa
Other Authors: Paris 4
Language:fr
Published: 2015
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2015PA040041
Description
Summary:En 1881, l’Assistance publique à Paris crée le service des enfants moralement abandonnés, en empruntant à la philanthropie le patronage des adolescents des milieux populaires, pour prendre en charge des mineurs des deux sexes qui échappent aux normes de socialisation (famille, école et apprentissage). Arrêtés pour vagabondage, mendicité, vol ou prostitution, ces mineurs sont destinés aux centres de correction. Par une cogestion assistance/justice, le patronage administratif introduit l’éducation préventive des mineurs de justice éducables et des enfants placés volontairement par leurs parents. Les profils de ces mineurs indiquent une précarité des familles et des carences éducatives ainsi que des abus parentaux et des déviances juvéniles. Pour assurer l’éloignement des enfants maltraités ou en danger moral de leur milieu, la loi de 1889 permet aux tribunaux de prononcer la déchéance contre les parents indignes et d’organiser la tutelle administrative. Ces pupilles de l’Assistance relèvent du placement familial, professionnel ou industriel. Alors que ce cadre normatif applique des dispositifs d’intégration sociale (famille, discipline, travail, épargne), des écoles professionnelles, de préservation ou de réforme assurent l’éducation spéciale des pupilles disciplinés, difficiles ou vicieux. En grandissant, les pupilles sont destinés à la domesticité et aux diverses activités locales bien que certains parviennent à réussir une carrière exceptionnelle. Face aux difficultés d’intégration et aux frustrations, adolescents et jeunes brisent le lien de tutelle avant la majorité. Les uns s’évadent tandis que les autres sont retirés par leurs parents ou radiés pour délinquance. === To take care of minors of both sexes beyond the common forms of socialization (family, school and vocational apprenticeship), public assistance in Paris created, in 1881, the service of children in moral danger following the philanthropy patronage of popular milieu adolescents. Arrested for vagrancy, begging, stealing, prostitution, these victims/offenders are led to correction centres. Conceived by justice/assistance cooperation, the administrative patronage introduced preventive education for children placed voluntarily by their parents and educable justice juveniles. The profiles of these minors indicate precariousness within families and educational deficiencies or parental abuse and juvenile deviance. In order to guarantee removal and re-education of abused or young in moral danger, the 1889 law allows the courts to deprive the unworthy parents from their parental authority and organize the administrative guardianship after divestiture. Becoming wards of the assistance, these children fall within the foster, professional or industrial placement. This normative framework argues for social integration devices (family, discipline, work, and thrifts) while vocational, preservation or reform schools provide special education respectively for disciplined, difficult or vicious wards. When they grow up, pupils are destined to domesticity as servants or local activities, although, some of them succeed to achieve a promising professional career. Facing integration difficulties and frustrations, the link of guardianship may be broken before the majority either by adolescents and young escape, by parent’s removal requests or by exclusion for delinquency.