Summary: | Extraite du milieu naturel dans lequel elle se déploie, la pensée de Thomas d’Aquin a été souvent déformée. Persuadé que le Réel –et, en particulier le Réel par excellence qu’est Dieu– n’est qu’imparfaitement embrassé par l’esprit humain, l’Aquinate multiplie les perspectives et les types de discours. La dialectique et la rhétorique s’adjoignent au discours proprement scientifique pour en combler les lacunes et tenter une impossible, sinon difficile synthèse entre les quatre sources auxquelles s’alimente sa pensée, à savoir: le muthos de la foi, le logos la philosophia perennis et les perceptions du sens commun. Confronté à la complexité du Réel et à des objets de foi qui s’écartent des normes du logos, l’utilisation de ce triplex modus dicurrendi s’avère une nécessité spéculative pour accumuler le plus possible de certitudes sur des objets qui se dérobent pour partie à la saisie d’un esprit fini. Rien d’étonnant à ce que l’Ousia, l’Unitas, la Forma et le schème néoplatonicien monè-proodos-epistrophè occupent une place tout aussi importante dans la synthèse thomasienne que la notion-clé d’Esse. === The thought of Thomas Aquinas is often misinterpreted. Its complexity, especially the plurality of modes of discourse, is neglected by the commentators. This plurality permits to resolve, although imperfectly, the tensions between the muthos of faith, the logos, the philosophy and the common sense. Thomas also uses a plurality of key concepts in the domain of metaphysics. Thus, he describes better the complexity of the Real. Ousia, Forma, Unitas and Neoplatonic’s scheme monè-proodos-epistrophè are structural notions as important as Esse in the Aquinas’ synthesis. The scientific discourse doesn’t exclude the others, but imperfect, modalities that are dialectic and rhetoric. It’s a requirement of the science itself. For Reality comprehends under its extension the particulars and paradoxical objects of faith.
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