Summary: | Au croisement de la sociologie des mobilisations, de la sociologie des migrations et des études genre, cette thèse vise à saisir la réalisation des rapports de domination dans l’action collective des migrant.e.s brésilien.ne.s au Japon dans les années 2000. Au delà des catégorisations ethnoraciales (descendant.e / non descendant.e de Japonais) et classées (ouvrier.ère / indépendant.e), généralement utilisées pour décrire ce fait migratoire, les catégories de sexe contribuent aussi à le caractériser. Dans la perspective de l’intersectionnalité, la thèse s’appuie sur l’ethnographie multisituée pour appréhender la réalisation des rapports sociaux de sexe, de race et de classe. Ceux-ci s’actualisent dans des pratiques circonscrites mais aussi dans des contextes variés où l’intersectionnalité se révèle d’autant mieux que les rapports de pouvoir peuvent changer, s’inverser, « s’invisibiliser ». Pour ce faire, trois espaces de mobilisation ont été explorés : des écoles brésiliennes, des syndicats et des associations locales. Des observations in situ étalées entre 2006 et 2011 ont été complétées par quatre-vingt-dix entretiens semi-directifs en portugais et en japonais avec des familles migrantes, les migrant.e.s mobilisé.e.s, les leaderships et leurs soutiens extérieurs. En examinant leurs interactions, l’enquête multisituée montre que la réalisation des rapports de domination s’appréhende à partir de trois échelles d’analyse : nationale (les contextes japonais et brésilien), sectorielle (syndical, éducatif et associatif) et situationnelle (les dynamiques des organisations dans chaque secteur). De cette façon, la thèse fait ressortir les nouvelles frontières de la société japonaise et les reconfigurations de l’imaginaire national brésilien selon les sites de l’enquête. === At the intersection of the sociology of mobilization, the sociology of migration and the gender studies, this thesis aims at capturing the accomplishment of relations of domination in the collective actions of Brazilian migrants in Japan in the 2000s. Beyond ethnoracial (descendants / non descendants of Japanese people) and class-based (unskilled workers / self-employed) categorizations, generally used to describe this migration, the social relations of sex also help to categorize the phenomenon. In the wake of the theory of intersectionality, this thesis – based on a multisited ethnography – analyzes the production of social relations of sex, race and class. These can be observed in specific practices but also in a variety of contexts where intersectionality becomes all the more noticeable as the relations of power may change, interchangeable and « invisible ». To do so, three spaces of mobilization have been explored : Brazilian schools, workers’ unions and grassroots organizations. In situ observations were conducted from 2006 to 2011 and ninety semi-structured interviews were led in Japanese and Portuguese with migrant families, members and leaderships of the groups, and their external supporters. The multisited field study shows that the accomplishment of the relations of domination can be captured by focusing on three scales of analysis : national (Brazilian and Japanese contexts), sector-based (education, unionism and voluntary sector), situational (organizational dynamics in each sector). In this way, the thesis highlights the new boundaries of Japanese society and the reconfigurations of an imagined Brazilian community depending on the sites studied.
|