Théâtre et identité jésuite : pratique, discours et culture dramatiques de la suppression au rétablissement de la Compagnie de Jésus en France (1757-1828)

En tant que pratique culturelle qui, par son ampleur et son institutionnalisation, a contribué à définir la spécificité de l'engagement pédagogique, social et religieux des jésuites à l'époque moderne, le théâtre offre une perspective intéressante pour saisir les modalités d'un passag...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Gallo, Anne-Sophie
Other Authors: Grenoble Alpes
Language:fr
Published: 2015
Subjects:
800
Online Access:http://www.theses.fr/2015GREAH014
Description
Summary:En tant que pratique culturelle qui, par son ampleur et son institutionnalisation, a contribué à définir la spécificité de l'engagement pédagogique, social et religieux des jésuites à l'époque moderne, le théâtre offre une perspective intéressante pour saisir les modalités d'un passage entre ce qui est parfois appelé dans l'historiographie l'« ancienne » et la « nouvelle » Compagnie de Jésus. La période de la suppression dans le contexte français (1762-1814) est intégrée à un cadre chronologique plus large qui permet de mesurer les effets de l'expulsion des collèges jésuites mais aussi et surtout les évolutions et les transformations sur la longue durée, entre France des Lumières et France post-révolutionnaire. La perspective adoptée ici s'est attachée aussi bien à décrire les enjeux et les dimensions de la pratique théâtrale jésuite au temps de la suppression et dans les établissements d'éducation jésuites sous la Restauration qu'à analyser les discours moraux et spirituels d'une part, pédagogiques et littéraires d'autre part, tenus par les jésuites et anciens jésuites sur le théâtre. Ainsi, l'intervalle de la suppression dans l'histoire du théâtre des jésuites doit-il être interprété ni comme un temps suspendu où il s'agirait de constater une simple interruption de l'activité théâtrale des jésuites, à l'exception de quelques îlots de survivance, ni comme un temps fatal inaugurant le déclin d'une pratique scolaire. Ce travail laisse alors entrevoir la réalité d'un « nouveau langage » (Michel de Certeau) qui semble-t-il s'élabore progressivement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et qui témoigne du fait que la « restauration » à l'identique de la Compagnie de Jésus et de sa pratique théâtrale au XIXe siècle n'est finalement qu'une illusion. === As a cultural practice which, by its extent and institutionalization, has contributed to define the specificity of the pedagogical, social and religious investing of Jesuits in the modern era, the theatre offers an interesting prospect to grasp the modalities of a transition between what is sometimes called in the historiography the “old” and the “new” Society of Jesus. The period of suppression in the French context (1762-1814) is integrated into a wider chronological frame which allows to measure the effects of the expulsion of the Jesuit colleges but also and especially the evolutions and the transformations in the long-term time, between France of the Enlightenment and post-revolutionary France. The point of view adopted here has paid a particular attention to describe the stakes and dimensions of Jesuit theatre practice at the time of suppression and in the Jesuit educational institutions under the Restoration in France and to analyze the moral and spiritual speeches of one hand, educational and literary on the other hand, deliver by the Jesuits on the theatre. Thus, the interval of the suppression in theatre history of the Jesuits must be interpreted neither as a suspended time when it would be a question of noticing a simple interruption of the theatrical activity of the Jesuits, with the exception of a few survival islets, nor as a fatal time inaugurating the decline of a school practice. This work then lets glimpse the reality of a “new language” (Michel de Certeau) which it seems develops gradually in the second half of the eighteenth century and which shows of the fact that the “restoration” of the Society of Jesus and its theatrical practice as before in the nineteenth century is finally an illusion.