Summary: | Cette thèse discute l’interprétation transcendantale de la découverte de l’ego cartésien et l’accusation selon laquelle Descartes se serait trompé sur le sens de sa propre découverte. Nous soutenons la conformité de la philosophie cartésienne à une subjectivité concrète ; donc une subjectivité assumant ce que récuse Husserl, à savoir sa dimension sensible et l’intra-mondanéité du sujet. Ainsi allons-nous à l’encontre tant de sa réduction à un étant empiriquement neutre qu’à l’idée selon laquelle son sens d’être s’explicite par le mouvement vivant. Cette étude ne se limite pas seulement à Husserl ; elle s’étend sur une large partie de la tradition phénoménologique. Après avoir étudié le cadre néo-kantien dans lequel s’inscrit la réception husserlienne de Descartes et mis en évidence la compatibilité entre le sujet cartésien et le sujet kantien, nous relisons des textes centraux de Descartes en montrant le caractère problématique de l’idée d’un sujet transcendantal et en mettant en lumière la corporéité constitutive et spécifique de la subjectivité cartésienne. La question est de savoir ce qui distingue notre thèse de celle de la phénoménologie du mouvement post-husserlienne qui, s’opposant à la subjectivité a-mondaine, défend aussi la corporéité du sujet tout en accusant Descartes de séparer la subjectivité de la vie. Notre enquête philosophique montre qu’au contraire la subjectivité cartésienne n’exclut ni le mouvement ni la vie, mais que le mouvement vivant ou corporel n’en est pas le critère définitionnel et que la corporéité en question jouit d’une spécificité. === This thesis discusses the transcendental interpretation of the cartesian discovery of the ego. It discusses the accusation following which Descartes was in error about his own discovery. We will defend the conformity between cartesian philosophy and a conncrete subjectivity. This means a subjectivity that upholds what Husserl eliminates, namely the sensitive dimension and the worldliness of the subject. So we go both against Husserl’s reduction to an empirically neutral subject and against the idea that the meaning of being explicates itself by the movement of life. This discussion does not limit itself to Husserl : it extends to a large part of the phenomenological tradition. After having studied the neo-kantian framework which organizes the husserlian reception of Descartes and after having shown the compatibility of the kantian and the cartesian subject, we take up anew the texts of Descartes. We aim to show the problematic character of the transcendental subject by showing the constituive and specific « bodyness » of the cartesian subjectivity. The question then is : how does this thesis separate itself out of the posthusserlian movement, which opposing a subjectivity devoid of world, also defends the « bodyness » of the subject whilst at the same time accusing Descartes of separating subjectivity and life ? Our inquiry shows that quite to the contrary, cartesian subjectivity excludes neither movement nor life, but that the living or bodily movement is not its definitional criteria and that the cartesian « bodyness » in question posseses its own specificty.
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