"Est-ce pas ainsi que je parle ?" : la langue à l'œuvre chez Pey de Garros et Montaigne
En publiant ses Psaumes viratz (1565) et ses Poesias gasconas (1567), Pey de Garros (ca.1525-ca.1583) se fait l’inventeur d’une littérature « gasconne ». Quelques années plus tard, dans ses Essais (1580-1595), Montaigne (1553-1592) intègre la question du « gascon » à sa réflexion générale sur les la...
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Occitan Français Renaissance Imaginaire linguistique Histoire des idées linguistiques Gascon Montaigne Pey de Garros Occitan French Renaissance Linguistic imaginary History of linguistic ideas Gascon Montaigne Pey de Garros Couffignal, Gilles Guilhem "Est-ce pas ainsi que je parle ?" : la langue à l'œuvre chez Pey de Garros et Montaigne |
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En publiant ses Psaumes viratz (1565) et ses Poesias gasconas (1567), Pey de Garros (ca.1525-ca.1583) se fait l’inventeur d’une littérature « gasconne ». Quelques années plus tard, dans ses Essais (1580-1595), Montaigne (1553-1592) intègre la question du « gascon » à sa réflexion générale sur les langues et le langage. Ces deux auteurs, jusqu’à présent, ont été perçus dans deux cadres distincts, l’histoire de la littérature occitane et celle de la littérature française. La notion de « gascon » permet de décloisonner ces deux domaines. Par-delà la différence linguistique, qui oppose une écriture en occitan à une écriture en français, se dessine un imaginaire linguistique « gascon », qui émerge des textes et participe pleinement au sens que prend le discours littéraire. Pour pouvoir décrire cet imaginaire linguistique, une enquête est nécessaire, relevant de la sémantique historique, afin de comprendre ce que peut signifier, dans la seconde moitié du xvie siècle, une « langue » et son emploi littéraire. En découvrant les différents sens que prend le « gascon » pour ces deux auteurs, c’est tout un réseau de représentations, de figures et d’échos obsédants qui se dévoile. Alors que tout semblait les séparer, un imaginaire linguistique similaire relie les œuvres de Garros et de Montaigne, fait de prises de parole assumées et d’interrogations profondes sur les moyens de s’exprimer. Parallèlement, cette analyse en termes d’imaginaire linguistique éclaire la relation que crée l’œuvre avec son lecteur. Le pouvoir d’évocation de l’imaginaire linguistique de l’œuvre dépend de sa rencontre avec l’imaginaire linguistique propre au lecteur. C’est ainsi qu’un point de vue périphérique, par son attention à la question du « gascon », permet, dans un même geste, de lire les Psaumes viratz, les Poesias gasconas et les Essais. === When he published Psaumes viratz (1565) then Poesias gasconas (1567), Pey de Garros (ca.1525-ca.1583) invented the notion of a specifically “Gascon” literature. A few years later, in his Essays (1580-1595), Montaigne (1553-1592) took up the issue of the “Gascon language” in his general reflexion on language and languages. These two authors have hitherto been viewed as part of two different fields: the history of Occitan literature and the history of French literature. The notion of a “Gascon language” helps bridge the gap between these two fields. In spite of the linguistic difference between writing in Occitan and writing in French, a specifically “Gascon” linguistic imaginary emerges out of the texts, and gives literary discourse its full meaning. In order to give flesh to this linguistic imaginary, a study in historical semantics is necessary, so as to understand what a “language” and its literary uses might have meant in the second half of the 16th century. As the various meanings which the “Gascon language” has got for these two authors are examined, the whole network of representations, figures and echos which haunt the texts is uncovered. Although they seemed to have very little in common, the works of Garros and Montaigne are actually linked by a shared linguistic imaginary, consisting in both outspoken claims and deep reflections on means of expression. At the same time, the analysis of the linguistic imaginaries illuminates the relation established by the text with the readers. The power of the linguistic imaginary to elicit a response depends on how it fits in with the readers’ own linguistic imaginaries. This is why a peripheral viewpoint, drawing attention to the issue of the “Gascon language”, makes it possible to read Psaumes viratz, Poesias gasconas and the Essays together. |
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