Summary: | Cette thèse analyse la position problématique et paradoxale du groupe Forces Nouvelles dans le large mouvement du retour à la figuration réaliste qui s’opère dans l’esthétique de l’entre-deux-guerres. Lancé en 1935 comme un groupe à la fois antimoderne et anticonformiste, Forces Nouvelles avance un nouveau langage pictural, un réalisme plus sensible investi dans l’expression de l’intériorité de l’être et éloigné de toute connotation sociale et idéologique, au-delà de toute trivialité ou de classicisme éteint. Pour beaucoup, ce réalisme d’esprit humaniste donnait au groupe un profil esthète et noble. Cette ambivalence entre réalisme et classicisme, entre activisme et esthétisme, est perpétuée dans la critique d’art même après la dissolution de l’ensemble en 1942. Cette identité ambiguë et obscure de Forces Nouvelles prend son sens une fois mise en relation avec les quêtes spirituelles et idéologiques de l’intelligentsia des années 1930. Révoltée contre l’idéologie matérialiste - dans sa forme libérale ou marxiste -, cette intelligentsia non-conformiste aspire à une nouvelle modernité plus spirituelle et morale ; explorant une voie alternative, ni à droite ni à gauche, elle vire souvent au conservatisme le plus anachronique et frôle la dérive fasciste. Forces Nouvelles, partageant une forme de pensée analogue à celle de l’élite contestataire – à la fois nihiliste et synthétique –, s’investit dans la recherche d’une esthétique originale, moderne et spirituelle, dans la recherche d’une nouvelle Renaissance ; s’inspirant d’une tradition picturale supposée authentique, le groupe élabore jusqu’au bout un style réaliste, grave et austère, effleurant l’archaïsme. En résonance avec la vision de cette génération non-conformiste, avec l’avènement d’un nouvel ordre moral, Forces Nouvelles propose un style réaliste au fondement existentiel comme horizon d’une nouvelle esthétique ultramoderne. === This dissertation analyses the problematic, paradoxical position of the group known as Forces Nouvelles within the large movement of a return to realistic figuration, which takes place in the context of interwar aesthetics. Forces Nouvelles, launched in 1935 as an anti-modern, anti-conformist group, proposes a new pictorial language, a more sensitive realism at the service of the expression of the interiority of human beings and remote from social and ideological associations, beyond trivial realism and jaded classicism. This humanistic realism would confer a noble aesthete's profile to the group. Such ambivalence between realism and classicism, between activism and aestheticism is carried over in art criticism even after the dissolution of the group in 1942. This ambiguous, obscure identity of Forces Nouvelles becomes meaningful in the light of the spiritual and ideological quest of the 1930s intelligentsia, which revolted against materialist ideology, whether liberal or Marxist, aspiring to a new, more spiritual and moral, modernity. In its exploration of a new alternative, which is neither right nor left-oriented, it veers towards the most anachronistic conservatism verging on fascism. Having intellectual affinities with the radical elite, this both nihilistic and eclectic group, strives to achieve original aesthetics - modern and spiritual - and a new Renaissance. Based on a supposed authentic pictorial tradition Forces Nouvelles adopts a realistic style, grave and sober, verging on archaism. Resonating with the vision of this non-conformist generation and the advent of a new moral order Forces Nouvelles puts forward a realistic style with an existential basis as the aesthetics of ultra-modernity.
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