Facteurs psychosociaux et nutritionnels des troubles cognitifs en Afrique Centrale

Le vieillissement de la population mondiale s’accompagne de l’augmentation de la prévalence d’un certain nombre de maladies chroniques incluant la démence. Si les études épidémiologiques sur les troubles cognitifs ont été et sont encore majoritairement menées dans les pays occidentaux, peu d’entre e...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Pilleron, Sophie
Other Authors: Limoges
Language:fr
Published: 2014
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2014LIMO0024/document
Description
Summary:Le vieillissement de la population mondiale s’accompagne de l’augmentation de la prévalence d’un certain nombre de maladies chroniques incluant la démence. Si les études épidémiologiques sur les troubles cognitifs ont été et sont encore majoritairement menées dans les pays occidentaux, peu d’entre elles sont conduites dans les pays à faible et moyen revenus, comme les pays africains, qui ne sont pourtant pas épargnés par le phénomène. Le programme EPIDEMCA, Épidémiologie des Démences en Afrique Centrale, a pour objectif principal de contribuer à une meilleure connaissance de la démence et particulièrement de la maladie d’Alzheimer en zones rurale et urbaine de deux pays d’Afrique Centrale : la République Centrafricaine (RCA) et la République du Congo (Congo). Mon travail de thèse, s’inscrivant dans le cadre de ce programme, a pour objectif général de contribuer à une meilleure connaissance des troubles cognitifs (Mild Cognitive Impairment (MCI) et démence) par l’étude du lien entre les troubles cognitifs et les facteurs psychosociaux (événement de vie stressants et trouble de la personnalité dépendante) d’une part, et nutritionnels (dénutrition et consommation alimentaire) d’autre part. Le programme EPIDEMCA est une enquête épidémiologique transversale multicentrique en population générale âgée de 65 ans et plus menée en deux phases dans une zone rurale et une zone urbaine de RCA et du Congo entre 2011 et 2012. Les diagnostics de démence et de MCI étaient posés respectivement selon les critères du DSM-IV et de Petersen. Sur 2 002 sujets ayant accepté de participer à l’enquête, le statut cognitif et l’âge étaient disponibles pour 1 772 dont 1519 étaient indemnes de troubles cognitifs, 118 étaient atteints de MCI et 135 de démence. Concernant les facteurs psychosociaux, les résultats de notre première étude ont montré que le MCI était positivement associé au nombre total d’événements vécus sur la vie entière uniquement au Congo alors qu’il l’était au nombre total d’événements survenus à partir de l’âge de 65 ans et à une maladie physique grave chez un enfant après l’âge de 65 ans dans l’échantillon total. En revanche, la démence n’était associée ni à l’accumulation d’événements de vie, ni aux événements pris séparément. Les résultats de notre deuxième étude ont montré que le MCI était associé au trouble de la personnalité dépendante au Congo comme en RCA, alors que la démence ne l’était seulement au Congo.Du côté nutritionnel, notre troisième étude a montré une association significative entre la démence (mais pas le MCI) et les trois indicateurs de dénutrition utilisés (IMC inférieur à 18,5 kg/m2, périmètre brachial inférieur à 24 cm et circonférence musculaire brachiale (CMB) inférieure au 5ème percentile d’une population de référence) en RCA. Au Congo, le MCI était associé seulement à la CMB inférieure au 5ème percentile alors que la démence ne l’était à aucun indicateur. Notre quatrième étude a, quant à elle, trouvé qu’en RCA, les troubles cognitifs étaient associés à une consommation modérée d’alcool dans l’échantillon total ainsi qu’à une faible consommation d’oléagineux en zone rurale. Au Congo, en revanche, ils n’étaient associés à aucun groupe d’aliments ni même à la consommation d’alcool. Les travaux de cette thèse ont permis de contribuer à l’amélioration des connaissances sur l’épidémiologie des troubles cognitifs en Afrique centrale. Il n’en demeure pas moins que nos résultats ne sont qu’exploratoires et devront être confirmés par des études ultérieures, nécessaires préalables à la planification d’actions pertinentes et ciblées susceptibles de réduire le risque. === With the aging of the world population, prevalence of non-communicable diseases including dementia is increasing. While epidemiological studies on cognitive impairments have been mainly conducted in high-income countries, a few have been carried out in low-and middle-income countries, including African countries, not exempt from this phenomenon. The EPIDEMCA program, Epidemiology of Dementia in Central Africa, is aimed at contributing to a better understanding of dementia and Alzheimer's disease in rural and urban areas in two countries of Central Africa: the Central African Republic (CAR) and the Republic of Congo (ROC). This PhD thesis, which is part of this program, focuses on the relationship between cognitive disorders (Mild Cognitive Impairment (MCI) and dementia) and psychosocial factors (stressful life events and dependent personality disorder) on the one hand, and nutritional factors (undernutrition and dietary consumption) on the other.The EPIDEMCA program is a cross-sectional multicenter population-based epidemiological study carried out among people aged 65 years and over in rural and urban areas of CAR and ROC between 2011 and 2012 using a two-phase design. DSM-IV and Petersen criteria were required for a diagnosis of dementia and MCI, respectively. Among 2002 subjects who agreed to participate in the study, cognitive status and reliable age were available for 1772 people: 1519 were free of cognitive impairment, 118 suffered from had MCI and 135 from had dementia. As regards the psychosocial factors, our first study showed that MCI was positively associated with the total number of events experienced throughout a life span in Congo only, and, with the total number of events from the age of 65 onwards and with a child’s severe physical disease after the age of 65 in the total sample. On the contrary, dementia was associated with neither the accumulation of stressful life events nor individual events. Results of our second study showed that MCI was associated with the dependent personality disorder in Congo and CAR, while dementia was associated with this disorder in Congo only. Regarding nutritional factors, our third study showed a significant association between dementia (but not MCI) and the three markers of undernutrition used (BMI inferior to 18.5 kg/m2, mid-upper arm circumference inferior to 24 cm and arm muscle circumference (AMC) below the 5th percentile of a reference population) in CAR. In Congo, MCI was associated with only the AMC<5th percentile while dementia with none of markers. Our fourth study found that cognitive disorders were associated with light alcohol intake and a low consumption of oilseeds in rural areas only. In Congo, cognitive disorders were associated with neither food groups nor alcohol consumption. This PhD thesis has contributed to improve the knowledge available on the epidemiology of cognitive disorders in Central Africa. Nevertheless, our results are solely exploratory and require to be confirmed by further studies, prerequisites for relevant and targeted interventions with a view to reduce the risk.