Summary: | L’« énergétique comparée » propose de considérer les textes comme des dispositifs à la fois économiques, sémiotiques et praxéonomiques (dont l’utilisation produit des types de subjectivations, des modes de pensée et des domaines idéologiques). Afin de comprendre la nature du roman et de l’épopée, nous confrontons, dans chacune de ces trois dimensions, l’analyse de ces genres littéraires. L’économie du dispositif est à la fois une théorie de la production et de la consommation ; la sémiotique se décompose en rhétorique et en noétique ; la praxéonomie en politique et en éthique.L’énergétique se veut ainsi une nouvelle approche de la littérature, nourrie autant par l’anthropologie culturelle que par la narratologie, par la métaphysique de Hegel que par la pragmatique d’Austin. Enfin, dans chaque partie, un « contrepoint » permet d’aiguiser, transversalement, les instruments d’analyse sur des oeuvres particulières qui semblent a priori échapper à la distinction entre roman et épopée (du roman populaire chinois au roman postcolonial) ou qui prétendent donner à la modernité son épopée (de la poésie épique à l’épopée humanitaire). Ces « contrepoints » se font également le lieu d’un débat de l’énergétique comparée avec les poétiques « indigènes » de leurs auteurs ou de leurs contemporains.L’énergétique, s’opposant à la « poétique des traits génériques » comme à l’« esthétique des registres » permet ainsi de fournir une définition comparée de l’effort de l’épopée (dispositif politique de subjectivation collective par mobilisation de la tradition dans la cérémonie de la reconnaissance) et de celui du roman (dispositif éthique de subjectivation individuelle par valorisation de l’originalité dans la performance d’émancipation), ainsi que la mise en évidence des conditions de possibilité d’une épopée contemporaine. === This dissertation attempts to understand what it is exactly that makes an epic and a novel. Through a "comparative energetics" we propose to consider literature as a set of ‘economical’, ‘semiotical’ and ‘praxeonomical’ dispositions the use of which contributes to specific types of subjective rendering, ways of thinking and ideological domains. These three categories constitute the framework of the current endeavor: Textual economics is a theory of both production and consumption; semiotics decomposes into rhetorics and noetical analysis; praxeonomy into politics and ethics.Energetics consists in a new approach to literature, influenced by cultural anthropology, narratology, Hegel’s metaphysics and Austin’s pragmatics. Each section of the dissertation includes a “counterpoint" bringing up a transversal approach to works outside the main corpus considered, that either seem to escape the distinction between the established genres of novel and epic, e.g. popular Chinese novels, postcolonial novels, or purport to give its proper epic (epic poetry, humanitarian epic, etc) to modernity. These "counterpoints" also allow a comparison between the energetic approach and the “indigenous” poetics of the authors considered or their contemporaries.Energetics, both objecting to the "poetics of features" and to the "aesthetics of registers," provides a comparative definition of the epic (political disposition of collective subjectification by mobilizing tradition in the ceremony of recognition) and of the novel (ethical dispositif of individual subjectifive rendering by valuing originality in the performance of emancipation). It also sets the conditions for a possible modern epic.
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