Summary: | La thèse interroge les transformations du capitalisme français à partir d’une technique d’acquisition de sociétés par endettement nommée Leveraged BuyOut (LBO). Grâce au recueil de matériaux quantitatifs et qualitatifs, la thèse examine les conditions dans lesquelles les banquiers, les investisseurs et les dirigeants d’entreprise mobilisent cette « arme organisationnelle » et elle pénètre jusque dans l’entreprise pour en évaluer les effets. Le LBO révèle une transformation à la fois étendue et limitée du capitalisme français durant les dernières décennies. L’étendue du changement peut se mesurer à la croissance spectaculaire de ces opérations et à la diversité des acteurs qui participent au champ. Elles produisent de la valeur disponible qui permet aux investisseurs et aux dirigeants de constituer des fortunes considérables. Elles accélèrent le processus de destruction créatrice, le processus de rationalisation productive et recomposent le pouvoir dans l’entreprise. Mais l’arme organisationnelle a fait l’objet d’une traduction dans le langage du capitalisme français et a due être appropriée par les banquiers et les dirigeants. Le LBO est en quelque sorte autolimité : sa mécanique comporte une fragilité intrinsèque qui peut déboucher sur des faillites d’entreprise et sur des bulles de crédit. Enfin, les plans de création de valeur peuvent manquer leur objectif car ils s’affrontent à la déstabilisation de l’ordre social d’entreprise due au changement de propriétaire et à l’incertitude sur son attitude future. Au final, le LBO tient son pouvoir paradoxal du fait qu’il contribue à faire bifurquer le capitalisme français loin du « compromis d’aprèsguerre » tout en conservant les aspects traditionnels de sa structure institutionnelle. === This dissertation deals with the transformations of contemporary French capitalism by analyzing the case of a takeover technique called the Leveraged BuyOut (LBO). Based on both quantitative and qualitative materials, it examines the conditions under which investors, bankers and managers mobilize this “organizational weapon” and penetrates within companies to asses its effects. As an organizational weapon the LBO reveals both the extent and the limits of the transformation of French capitalism during the last decades. The extent of this transformation can be measured by the impressive growth of LBOs in France and the diversity of actors involved. They produce value to be captured to build enormous fortunes for shareholders and managers. They accelerate the process of creative destruction and the rationalization of production. By emphasizing the efficiency criterion of profitability, they reconfigure power relations within the firm. But change also contains significant limits. This organizational weapon had to be translated into the language of French capitalism and had to be appropriated by cautious bankers and suspicious managers. The LBO is somewhat selflimited: its mechanics contains an inherent fragility that can lead to company bankruptcies and credit bubbles. Finally, value creation plans have to survive the destabilization of the corporate order to be effective and create considerable uncertainty towards the future. In the end, the LBO derives its paradoxical power from it contributing to the bifurcation of French capitalism away from the « postwar compromise » while maintaining its underlying institutional structure.
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