La satire poétique de Thermidor à l’Empire : crépuscule d’un genre au couchant des Lumières

À la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, une ample production satirique témoigne d’un mouvement de défiance à l’endroit de la philosophie des Lumières, accusée d’être responsable des exactions commises durant l’épisode révolutionnaire. Il s’agit alors de procéder à la liquidation de l’héritage des...

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Main Author: Blanchard, Pierre
Other Authors: Toulouse 2
Language:fr
Published: 2013
Subjects:
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Satire
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Poésie du XVIIIe siècle
Philosophie
The Enlightenment on trial
Satire
The end of a genre
Poetry of the 18th century
Philosophy

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Satire
Fin d'un genre
Poésie du XVIIIe siècle
Philosophie
The Enlightenment on trial
Satire
The end of a genre
Poetry of the 18th century
Philosophy

Blanchard, Pierre
La satire poétique de Thermidor à l’Empire : crépuscule d’un genre au couchant des Lumières
description À la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, une ample production satirique témoigne d’un mouvement de défiance à l’endroit de la philosophie des Lumières, accusée d’être responsable des exactions commises durant l’épisode révolutionnaire. Il s’agit alors de procéder à la liquidation de l’héritage des Lumières : en une période caractérisée par son instabilité politique, la satire lucilienne en vers, genre alors finissant, bénéficie d’un effet de mode qui la rend à nouveau légitime. Les désordres sociaux et moraux justifient le recours au genre polémique par excellence. La satire devient un observatoire privilégié pour saisir toutes les tensions qui parcourent le pays, aux niveaux politique, religieux et philosophique. Le satirique est cependant un poète à la marge ; la prétendue performativité de sa parole poétique et le danger qu’elle représente pour les victimes de sa dénonciation font du poète satirique un individu suspect qui, perpétuellement, doit chercher à autoriser sa parole polémique. L’analyse de la constitution éthique du satirique permet d’apercevoir le jeu de filiation entre les auteurs de notre corpus et les grands auteurs qui ont valu au genre son honorabilité littéraire, ceux-ci revendiquant perpétuellement l’héritage de ceux-là. Le satirique, en se créant une persona éthique stable, rend légitime sa dénonciation et justifie le recours à l’invective au nom d’un idéal supérieur : le maintien de l’État, la restauration de la morale et des valeurs, la régénérescence de l’Art. Tous les domaines sont concernés. Car dans la production satirique de la période entre Thermidor et l’Empire, c’est véritablement à un procès du siècle que procèdent les satiriques, s’inscrivant pour cela dans la tradition ronsardienne et albinéenne de la satire politique. Politique, philosophie et religion sont autant d’objets de questionnements, de débats et de polémiques au sein de la production satirique de cette période. La redéfinition du statut de l’Église en France durant la Révolution, les tentatives infructueuses de création d’un culte concurrent du catholicisme et de plus larges antagonismes entre des visions du monde inconciliables créent des réseaux d’oppositions qui structurent les troubles de l’époque : l’athéisme contre la religion, la république contre la monarchie, la raison contre la foi. === At the turn of the 18th and 19th century, a large satiric production showed a wave of distrust of the Enlightenment philosophy, accused of being responsible for the exactions committed during the French revolution. The objective was to eradicate the legacy of the Enlightenment: in a period characterized by such a political instability, the Luciana verse-satire, then a declining kind of satire is made again legitimate thanks to a new fad. The social and moral disorders justified the use of such a sharp polemical genre. Satire became a perfect way for people to understand all the tensions which permeate the country in terms of political, religious and philosophical aspects. The satirist was nonetheless a marginal poet. The pretended performativity of his poetry and the danger it represented for the targets of his denunciation made the satirist suspicious. He constantly had to find a way to get his polemical speech "allowed". The analysis of the satirist ethics helps us to see the link between our corpus' authors and the great authors who gave the genre its literary honorability. The latters didn't stop claiming the legacy of the first ones. Creating a steady ethical "persona", the satirist made his denunciation legitimate. He also justified the use of the invective in the name of some higher ideal: maintenance of the State, return of values and moral, regeneration of Art. Every field was concerned. In the satirical work that emerged between Thermion and the Empire, the satirists were judging their century. They were actually part of the ronsardian and albinean tradition of the political satire. Politics, philosophy and religion are all subjects of reflection, debates and polemics in the satirical production of this period. The redefinition of Church’s status during the Revolution, unsuccessful attempts to create a cult able to counter Catholicism, and larger antagonisms between incompatible world views created opposition networks which structured the turmoil of the age. These are atheism versus religion, republic versus monarchy and reason versus faith. During the 18th century, the satire was a neglected and despised genre. It was experiencing the end of its era. The analysis of satire poetics between Thermidor and the Empire illustrates the decline of the genre, which only survived through the violence of its accusations. Emotions of sadness were flattered and the satire sometimes aroused polemics with eventual tragic human consequences. Ironically, the study of the violence in the satirical invective reveals the vitality of a genre that couldn’t survive long its renewed dynamism.
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Les désordres sociaux et moraux justifient le recours au genre polémique par excellence. La satire devient un observatoire privilégié pour saisir toutes les tensions qui parcourent le pays, aux niveaux politique, religieux et philosophique. Le satirique est cependant un poète à la marge ; la prétendue performativité de sa parole poétique et le danger qu’elle représente pour les victimes de sa dénonciation font du poète satirique un individu suspect qui, perpétuellement, doit chercher à autoriser sa parole polémique. L’analyse de la constitution éthique du satirique permet d’apercevoir le jeu de filiation entre les auteurs de notre corpus et les grands auteurs qui ont valu au genre son honorabilité littéraire, ceux-ci revendiquant perpétuellement l’héritage de ceux-là. Le satirique, en se créant une persona éthique stable, rend légitime sa dénonciation et justifie le recours à l’invective au nom d’un idéal supérieur : le maintien de l’État, la restauration de la morale et des valeurs, la régénérescence de l’Art. Tous les domaines sont concernés. Car dans la production satirique de la période entre Thermidor et l’Empire, c’est véritablement à un procès du siècle que procèdent les satiriques, s’inscrivant pour cela dans la tradition ronsardienne et albinéenne de la satire politique. Politique, philosophie et religion sont autant d’objets de questionnements, de débats et de polémiques au sein de la production satirique de cette période. La redéfinition du statut de l’Église en France durant la Révolution, les tentatives infructueuses de création d’un culte concurrent du catholicisme et de plus larges antagonismes entre des visions du monde inconciliables créent des réseaux d’oppositions qui structurent les troubles de l’époque : l’athéisme contre la religion, la république contre la monarchie, la raison contre la foi. At the turn of the 18th and 19th century, a large satiric production showed a wave of distrust of the Enlightenment philosophy, accused of being responsible for the exactions committed during the French revolution. The objective was to eradicate the legacy of the Enlightenment: in a period characterized by such a political instability, the Luciana verse-satire, then a declining kind of satire is made again legitimate thanks to a new fad. The social and moral disorders justified the use of such a sharp polemical genre. Satire became a perfect way for people to understand all the tensions which permeate the country in terms of political, religious and philosophical aspects. The satirist was nonetheless a marginal poet. The pretended performativity of his poetry and the danger it represented for the targets of his denunciation made the satirist suspicious. He constantly had to find a way to get his polemical speech "allowed". The analysis of the satirist ethics helps us to see the link between our corpus' authors and the great authors who gave the genre its literary honorability. The latters didn't stop claiming the legacy of the first ones. Creating a steady ethical "persona", the satirist made his denunciation legitimate. He also justified the use of the invective in the name of some higher ideal: maintenance of the State, return of values and moral, regeneration of Art. Every field was concerned. In the satirical work that emerged between Thermion and the Empire, the satirists were judging their century. They were actually part of the ronsardian and albinean tradition of the political satire. Politics, philosophy and religion are all subjects of reflection, debates and polemics in the satirical production of this period. The redefinition of Church’s status during the Revolution, unsuccessful attempts to create a cult able to counter Catholicism, and larger antagonisms between incompatible world views created opposition networks which structured the turmoil of the age. These are atheism versus religion, republic versus monarchy and reason versus faith. During the 18th century, the satire was a neglected and despised genre. It was experiencing the end of its era. The analysis of satire poetics between Thermidor and the Empire illustrates the decline of the genre, which only survived through the violence of its accusations. Emotions of sadness were flattered and the satire sometimes aroused polemics with eventual tragic human consequences. Ironically, the study of the violence in the satirical invective reveals the vitality of a genre that couldn’t survive long its renewed dynamism. Electronic Thesis or Dissertation Text fr http://www.theses.fr/2013TOU20086 Blanchard, Pierre 2013-09-26 Toulouse 2 Pascal, Jean-Noël