Mort subite au cours d’une activité sportive : étude en population générale

Contexte ─ L’incidence, les caractéristiques, et le pronostic (vital et fonctionnel) de la mort subite du sportif n’ont pas été étudiés en population générale. Méthodes ─ Etude observationnelle prospective menée par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale en collaboration avec le...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Marijon, Eloi
Other Authors: Paris 5
Language:fr
Published: 2013
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2013PA05S009
Description
Summary:Contexte ─ L’incidence, les caractéristiques, et le pronostic (vital et fonctionnel) de la mort subite du sportif n’ont pas été étudiés en population générale. Méthodes ─ Etude observationnelle prospective menée par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale en collaboration avec le Service d’Aide Médicale Urgente (SAMU) dans 60 départements français (2005–2010) incluant les sujets de 10 à 75 ans présentant une mort subite (récupérée ou non) au cours d’une activité sportive de loisir ou de compétition. La détection des cas a été assurée par deux sources indépendantes. L’information a été recueillie selon le modèle d’Utstein. Les incidences ont été calculées par million d’habitants et million de participants sportifs, en considérant les 20ème et 80ème percentiles des départements les plus participants. Des analyses complémentaires ont été menées chez les femmes et pour les sports les plus en cause. Compte tenu de disparités régionales importantes en termes de survie, la distribution des facteurs (individuels et communautaires) classiquement associés à la survie (à la sortie de l’hôpital) a été examinée dans 4 groupes de survie (<10%, 10–20, 20–40, et >40%). L’analyse des facteurs associés à la survie a été effectuée par régression logistique.Résultats ─ Au total, 820 cas ont été collectés, et l’incidence totale a été évaluée entre 5 et 17 cas par million d’habitants par an en France. Seulement 6% des cas sont survenus chez le jeune athlète de compétition. Après considération des taux de participation sportive, l’incidence chez l’homme a été estimée entre 11,2 (95% IC 10,4–12,1) et 33,8 (95% IC 30,9–36,8) cas par million de participants et par an, l’incidence chez la femme étant, en comparaison avec l’homme, extrêmement faible, en particulier chez les 40–54 ans avec un risque relatif de 0,03 (95% IC 0,01–0,07). L’incidence augmentait significativement avec l’âge chez l’homme (risque relatif 2,51, 95 % IC 2,10–3,01, quand âge >35 ans), et était plus importante dans certains sports (cyclisme vs. natation, p<0,0001). L’âge moyen des sujets était de 46±15 ans. Des antécédents cardiovasculaires étaient rapportés dans 12% des cas. Le taux de survie moyen à la sortie de l’hôpital était de 15,7% (95% IC 13,2–18,2), avec cependant des disparités départementales majeures (de 0 à 47%), alors que le pronostic neurologique restait favorable chez 80% des survivants. La description en 4 groupes de survie a démontré l’absence de différence significative en termes de caractéristiques des sujets, de circonstances de survenue, de délai de prise en charge, et de mortalité intra-hospitalière. A l’inverse, des différences majeures ont été observées concernant l’initiation du massage cardiaque par le témoin (15% à 81%, p<0,001), le rythme initialement choquable (29% à 79%, p<0,001), le niveau de formation de la population aux premiers secours (p<0,001) et la densité de défibrillateurs extra-hospitaliers dans le département (p<0,001). Le défibrillateur n’a que rarement été utilisé par les témoins avant l’arrivée des premiers secours (<1%). Au final, les facteurs individuels suivants étaient indépendamment associés à la survie à la sortie de l’hôpital : massage cardiaque par témoin (OR 3,73, 95% IC 2,19–6,39, p<0,0001), délai d’intervention (OR 1,32, 95% IC 1,08–1,61, p=0,006), présence d’un rythme choquable initial (OR 3,71, 95% IC 2,07–6,64, p<0,0001). Après ajustement sur les facteurs pronostiques individuels, seul le niveau de formation de la population aux premiers secours restait associé de façon significative à la survie (OR 1,64, 95% IC 1,17–2,31, p=0,004).Conclusions et perspectives ─ La mort subite est un problème de santé publique faisant intervenir les pompiers, le SAMU, les réanimateurs, les cardiologues, les épidémiologistes. Sa prise en charge est nécessairement multidisciplinaire et les progrès viendront d’une action concertée de santé publique. Concernant la mort subite du sportif, nos conclusions sont que (...) === Background – Although such data are available for young competitive athletes, the prevalence, characteristics and outcome of sports-related sudden cardiac death have not previously been assessed in the general population.Methods – A prospective and comprehensive national survey was carried out throughout France by the French Institute of Health and Medical Research from 2005 to 2010, involving subjects aged 10–75 years. Case detection for sports-related sudden cardiac death, during competitive or leisure activities, including resuscitated cardiac arrest, was undertaken via emergency medical services (Service d’Aide Médicale Urgente, SAMU) reporting and web-based screening of media releases. Data were collected according to Utstein’s style. Incidence calculations were reported by million of inhabitants as well as million of sports participants. Specific analyses were also carried out among women and specific sports. After having documented major regional survival disparities, we identified to which extent conventional evidence-based individual factors, known to be associated to survival, were distributed among different groups of survival. Moreover, we assessed if functional outcome was variable among groups of survival. Factors associated with survival were analyzed using regression logistic model.Results – The overall burden of sports-related sudden cardiac death was estimated between 5 and 17 cases per million inhabitants per year. Only 6% of cases occurred among young competitive athletes, with a specific incidence calculated to 9.8 (95% CI 3.7–16.0) per million per year. After considering participation rates, incidence in men sport participants was estimated from 11.2 (95% CI 10.4–12.1) to 33.8 (95% CI 30.9–36.8) per million of participants per year, dramatically higher than women-related incidence, particularly in the 45–54 year range (relative risk 0.03, 95% CI 0.01 to 0.07). By contrast with women, the incidence of sports-related sudden cardiac death in men significantly increased over age categories (p<0.0001), and incidence rates were substantially higher in men aged >35 years than men aged 35 years or less (RR 2.51, 95% CI 2.10–3.01). The mean survival rate at hospital discharge was 15.7% (95% CI 13.2–18.2), with major regional disparities among districts (from 0 to 47%), with however a highly similar favorable neurological outcome (80%). No difference was observed regarding subjects’ characteristics and circumstances of occurrence (including presence of witnesses, delays of intervention and public use of automatic external defibrillators) across survival groups. By contrast, major differences were noted regarding bystander initiation of cardiopulmonary resuscitation (15% to 81%, p<0.001) and presence of initial shockable rhythm (29% to 79%, p<0.001). Public use of automatic external defibrillator was dramatically low (<1%). Independent factors for survival included bystander cardiopulmonary resuscitation (OR 3.73, 95% CI 2.19–6.39, p<0.0001), initial shockable rhythm (OR 3.71, 95% CI 2.07–6.64, p<0.0001) and short delay between cardiac arrest and resuscitation (OR 1.32, 95% CI 1.08–1.61, p=0.006). After adjustment on individual factors, only population education to Basic Life Support was significantly associated with survival (OR 1.64, 95% CI 1.17–2.31, p=0.004).Conclusions and perspectives – Sudden cardiac death is a public health issue, with the need for a multidisciplinary approach involving Emergency Cares, Cardiology, and Epidemiology. Regarding sports-related sudden death, our conclusions are the following (...)