Summary: | Nous savons tous à quoi ressemble un pirate. Ce que nous savons moins, c’est la raison de ces succès, les causes de notre engouement – voire de notre fascination pour ce Fame Monster. La formule permet de caractériser l’ambiguïté d’un personnage dont chaque fortune connaît un revers, révélant notre soif de transgression et notre tentation pour l’envers de la morale. L’approche littéraire comparatiste, augmentée d’emprunts à l’image, à la sociologie, à la philosophie politique et à l’histoire des mentalités, permet non pas de simplement décrire un phénomène, mais d’essayer d’en extraire les sens, les besoins, les attentes, en prenant pour hypothèse que la fiction pirate constitue un jalon spécifique dans l’histoire des mentalités occidentales, et autorise l’exploration d’un état de nos désirs : d’aventure, de danger, de transgression, d’insurrection ; mais aussi de conformisme, dans un mythe continuellement répété. Histoire dans l’histoire, fiction en négatif, le pirate marginal se donne à lire comme une part retranchée de la société qui l’évacue, et partant comme l’idéal révélateur du sang et de l’or de nos virtualités, de nos « occasions manquées ».C’est ainsi que l’étude du pirate traditionnel conduit non seulement à une analyse du personnage mais encore aux enjeux fictionnels qu’il engage. Piraterie et piratage, ses deux corollaires directs, mettent en œuvre des problématiques particulières de création et de réception, et amorcent une reconversion sémantique du personnage : le pirate connaît une nouvelle fortune numérique, tandis que, devenu comportement par le truchement du piratage, il conduit à repenser le champ de la fiction. Alors : tous pirates ? Ou plutôt : tous (déjà) piratés ? === We all know what a pirate looks like. We may wonder, however, why pirates fill us with such enthusiasm. Where does our fascination for this "Fame Monster" come from? The expression, Fame Monster, underlines the ambiguity of a character whose fortunes will always know a fall-down, unveiling our thirst for transgression – our temptation for the other side of morals. Our comparative literary approach (one that borrows from visual studies, sociology, political philosophy, and cultural history) not only allows for a description of this social trend, but intends to get to its specific meaning, and indeed reveal the needs and the desires it hides. Our hypothesis is that the pirate represents a specific marker in the cultural history of the western world, leading us to explore our own desire for adventure, danger, transgression, rebellion (although it should be noted that the pirate also exposes our willingness to embrace norms and conformism through a stereotypical figure that is constantly repeated, a never-ending myth). Secret history in the main one, negatively connoted fiction, the marginal pirate seems to be read as an outlawed part of our society, as the indicator of either our golden or our bloody potentialities – the indicator of our might-have-been. Thus our study moves further than the mere analysis of a figure, to investigate the true stakes of its fictions and representations. For instance, sea-piracy and web-piracy (and the semantic transformation implicit in the move from one to the other), point to specific issues with regards to creation and reception. As he achieves new e-success on the Web, and becomes more than a character – a behavior, through hacking – the pirate may also provide us with a model to reconsider the very possibilities of fiction. Perhaps, then, is it time to ponder: are we all pirates? Or have we all already been hacked?
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