Summary: | C’est un fait, les théologiens français font le plus souvent abstraction dans leurs travaux, des oeuvres littéraires. La situation est particulièrement préoccupante pour les écrivains contemporains agnostiques, témoins de notre temps, qui interrogent radicalement, au nom de la complexité, nos catégories habituelles d’analyse. Les romans de Claude Simon se prêtent-ils à une réception théologique ? On pourrait a priori en douter, mais doit-on s’interdire d’interroger une oeuvre novatrice, distinguée par un prix Nobel pour sa force d’interpellation ? Nous assumons ce risque, conscient des difficultés théologiques qu’il faudra expliciter. Dans une première partie (« parcours exploratoires ») l’introduction à la lecture passe par un inventaire du contexte culturel et des expériences artistiques vécues par l’écrivain. Nous engageons cette recherche à partir de trois romans qui peuvent jalonner son parcours évolutif : Le palace (1962), pour la « période baroque », Les corps conducteurs (1971), pour la période dite « formaliste », Le jardin des plantes (1997), pour la période « post-moderne ». La deuxième partie (« vers une ouverture éthique et théologique ») construit progressivement la lecture d’un roman métisse à l’imaginaire grotesque qui comporte une dimension satirique, sensible, mystique sans mystère. La troisième partie (« du non sens proclamé du monde à l’insensé de Dieu ») s’intéresse aux articulations et limites du grotesque dans le « théodrame » du Crucifié-Ressuscité, face aux interrogations sans réponse des victimes de l’histoire et à l’angoissante question de la « déréliction » de l’homme. === Claude Simon in theology ? It is a fact. French theologians, more often than not, do not take literary works into account in their own studies. This is especially worrying for contemporary, agnostic and innovatory writers, critical observers of the age in which we live, vho, in the name of complexity, radically call into question our usual categories of analysis. Do Claude Simon’s novels lend themselves to consideration in a theological context ? A priori it is doubtful, but should such an innovatory work, rewarded by a Nobel prize for its strength of interrogation, NOT be subject to close scrutiny ? We accept this risk, being at the same time conscious of the theological difficulties which need to be clarified. In a first part (« the exploratory route ») the reader is introduced to the suject via an inventory of the cultural context and of the artistic experiences lived through by the writer. We embark on this research with three novels which can be considered to mark out his evolutionary journey : Le palace (1962), covering his « baroque period », Les corps conducteurs (1971) for his so-called « formalist period », Le jardin des Plantes for his « postmodern « period. The second part (« towards an ethical and theological development » ) progressively moves the reader towards a hybrid / mongrel novel, grotesquely make-believe, within which can be discerned a satirical, sensitive and mystical but not mysterious dimension. The third part (‘from the meaningless to the dementia of God ») examines the links and limits of the grotesque within the « theodrama » of the Risen-Crucified, set against the unanswered questioning by history’s victims and against the harrowing question of the « dereliction » of man.
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