Summary: | La production lyrique de Peter Huchel condense les ambivalences et les tensions d’un moment de l’histoire littéraire allemande où s’opposent l’univers magique hérité du romantisme et le désir de focaliser l’attention à la fois sur les apories d’une forme de lyrisme devenue caduque et sur une poésie en devenir. Elle s’enracine dans le réalisme magique de l’entre-deux-guerres qui prône paradoxalement le retour au concret et la recherche de l’harmonie perdue, rendant ainsi le pouvoir à l’imaginaire et invitant l’artiste à faire oeuvre de magie. L’étude porte sur les tensions entre écriture poétique et réalité extra-littéraire qui font l’objet de la réflexion constante du poète, non dans des écrits théoriques, mais à travers ses poèmes. Après une « première manière de dire », reflétant les distorsions entre une démarche conventionnelle et la conscience des nouveaux enjeux du lyrisme, le poète inverse dans une « seconde manière » le sens des procédés magiques pour faire table rase des codes classiques de la représentation et fonder une nouvelle magie. Univers sensible, corps, logos et mythe sont mis en pièces. Parallèlement, s’esquisse un nouveau projet esthétique qui tend vers le laconisme et s’adresse davantage à l’imagination qu’à la perceprtion, sans pour autant s’enfermer dans l’autoréférentialité. Le nouveau domaine de la poésie est un lieu instable et ouvert où la parole demeure inachevée, mais peut sans cesse être renouvelée. === In the lyric work of Peter Huchel the ambivalences and tensions of a certain moment in German literary history intensify when the contrast between the magic world – a legacy of romanticism- and the desire to focus on the apories of an old-fashioned lyricism on the one hand and on a newly-developing poetry on the other hand becomes obvious. Huchel’s poetry has its roots in the magic realism of the time between the two wars which – paradoxically –advocates the return to the concrete and the quest for a lost harmony giving power to the imaginary and inviting the artist to create a work of magic. The study evolves around the discrepancies between the poetic style and the reality outside literature, a topic the poet keeps reflecting on but not in his essays but in his poems. After a « first way of expression », which mirrors distortions between a conventional approach and the consciousness of a completely new starting point in the poetry, the poet changes in a « second way of expression » the sense of the magic method and leaves behind the classical codes of presentation giving way to a new magic. Physical universe, body, logos and myth are tom apart. At the same time a new esthetic programme becames visible which is directed at laconism and which addresses imagination more than perception without being caught in self-referentiality. This new domain of poetry is an instable but open field where the lyric language remains incomplete though renewable.
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