Summary: | S’inspirant de l’expérience récente de la migration indienne aux Etats-Unis, la fiction de Jhumpa Lahiri se demande si tant la nation que l’individu sont en mesure de revoir les termes mêmes de leur identité. Jhumpa Lahiri met l’accent sur l’adaptation à l’étranger en tant que processus de longue haleine. Car le changement ne prend pas, dans ce contexte, l’aspect d’une transformation subite ; il s’agit davantage d’une lente négociation entre une tradition surdéterminante et un futur sous-défini. Le meilleur éclairage que l’on puisse apporter à cette littérature de la diaspora, qui gagne en consistance et en légitimité avec l’avènement de la mondialisation, est offert par les outils de la critique postcoloniale. Bien qu’elle soit issue d’un contexte politique, cette école de pensée trouve sa pertinence dans la façon qu’elle a de poser les problèmes afférant à la possibilité de surmonter un passé conflictuel. Comment accepter l’étranger en soi ? Que faire de cette culture qui n’offre pas d’autre choix que celui de la capitulation ? Dans quelle mesure peut-on imaginer une identité où les conflits nés de valeurs contradictoires seraient ramenés à leur plus simple expression ? Notre essai consiste à découvrir de quelle manière le déplacement dû à l’exil induit une série de stratégies de préservation et de transformations identitaires. En dernier ressort, nous nous interrogerons sur les retombées de la conception lahirienne de l’identité, puisque cette romancière semble considérer que les racines et les traditions ne sont que d’une toute relative utilité lorsque l’on se trouve en terre étrangère. === Drawing its inspiration from the experience of Indian migrants to the United States, Jhumpa Lahiri’s fiction questions the nation as well as the individual’s abilities to accept reconfiguring their own terms. Jhumpa Lahiri’s works emphasize the day-to-day process of adaptation to foreignness. For change is not a matter of sudden transformation in this particular context; it is rather a slow negotiation between an over-determining tradition and an under-defined future. This literature of diaspora, which is gaining strength and legitimacy in today’s global era, is best understood by applying postcolonial critique tools to its study. Though derived from a political context, this school of thought is pertinent in the ways it questions the possibilities of overcoming a conflicting past. How to accept the alien in ourselves? How to deal with the culture that offers no other way than capitulation? To what extent an identity that is most devoid of conflicts between foreign values can be imagined? Our endeavor consists in uncovering how the dis-placement due to exile triggers of a variety of self-preservative or self-transformative strategies. Finally, we are most concerned with the outcome of Jhumpa Lahiri’s conception of identity, since she seems to suggest that roots and traditions are of little use in a foreign land.
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