Summary: | À la lumière de l’analyse des animaux rencontrés sur les cinq sites d’art rupestre étudiés dans le Bassin de Kufra, nous pouvons proposer une classification en trois périodes : 1) une première phase bovidienne, observée à Bzima, Rebiana, Bir el-Awadel, ne concernent que des gravures. Le nombre de découvertes est peu important, et les figurations humaines demeurent rares. Dans cette première période, la chasse occupe une place importante. On y rencontre, à côté de bovins, représentés dans un style plutôt réaliste, plusieurs espèces d’antilopes, peut-être un éléphant et d’autres animaux non identifiés. La plupart des gravures de cette période sont localisées en hauteur, sur la paroi verticale de petites falaises ; 2) la période pastorale bovidienne a laissé des traces dans toute la région du Bassin de Kufra, particulièrement dans la région du jebel el-Uweinat, riche en œuvres peintes. Les sujets des gravures sont variés, mais sont largement dominés par les représentations de bovidés, associés à quelques figurations d’hommes et de différents animaux sauvages. Les compositions décrivant un aspect de la vie quotidienne sont rares, à l’exception de quelques représentations de chasse. On note également la présence de nombreuses figurations géométriques et d’empreintes de pattes d’animaux, notamment à Bzima 2. Les dimensions des gravures varient avec le temps, les plus grandes semblant les plus anciennes et l’on ne constate pas de superpositions de gravures, hormis à Bir el-Awadel. Toutes les techniques de réalisation des gravures sont utilisées, l'incision présentant des profondeurs et des largeurs diverses, de même que le piquetage et le bouchardage. Elles sont parfois combinées. Les rares peintures conservées autour de Kufra sont de petites tailles, et seule la couleur rouge a résisté aux dommages causés par les intempéries ; 3) la période cameline est essentiellement représentée à Bzima et Rebiana. Cette période comporte exclusivement des gravures. Les blocs gravés de cette période se situent généralement à proximité des lieux d’habitation et de sépultures. Les camélidés représentent l’essentiel des figurations et apparaissent tantôt en groupes, tantôt individuellement, parfois accompagnés par des chameliers. Les autres espèces animales sont rares, tandis que des figures géométriques apparaissent régulièrement en association avec les camelins incisés. Les mises en scènes sont nombreuses, souvent des caravanes ou troupeaux de dromadaires, et une représentation de conflit armé oppose deux groupes d’hommes à la Gara el-Mekhaze. Quelques gravures camelines recouvrent des gravures bovidiennes, mais le plus souvent ces dernières sont respectées et parfois copiées maladroitement. Les techniques utilisées recouvrent l’incision, le piquetage, le bouchardage et le polissage. Cependant, c’est l’incision - technique très facile à exécuter - qui a été la plus utilisée. La grande variété d’aspect et de maîtrise des tracés indique par ailleurs que les artistes ont été nombreux à se succéder pour graver dans la pierre le fruit de leur imagination. Il n’y a aucune inscription en langue ancienne, mais des inscriptions en arabes souvent récentes. La période cameline semble parfois, dans notre secteur d’étude, en adéquation avec une position de refuge des populations concernées, probablement face à une situation de conflit et rezzous. C’est pourquoi, comme à Rebiana, les sites sont dans les éboulis rocheux au pied des reliefs. A Bzima la situation est plus contrastée, avec des implantation en plaine et dans les éboulis. Aucun des cinq sites étudiés n’a livré jusqu’à présent de représentations de la période cabaline. Le style « Tête-ronde d’el-Uweinat » reste cantonné à ce massif. Une différence très claire se manifeste ainsi entre les cultures du Sud-Est et du Sud-Ouest libyen, de part et d’autre du Waw en-Namus. === In the light of our analysis of the animals encountered at the five rock art sites studied in the Kufra Basin, we are able to put forward a classification of three periods : 1. A first bovidian period encountered in a number of places such as Bzima, Rebiana and Bir el-Awadel and only in the form of engravings. Not many examples of this style have been found and depictions of humans are rare. In this first period hunting scenes predominate, where bovids, portrayed in a rather naturalistic style, are represented by several species of antelope, perhaps an elephant, and other unidentified animals. Most of the engravings from this period are located in hilly areas on the vertical walls of low cliffs. 2. The pastoral period (bovidian), found throughout the Kufra Basin, particularly the Jebel el-Uweinat region, where painted works are more numerous than engraved ones. The subjects of the engravings vary according to the sites but are mainly bovids associated with a few depictions of humans and various wild animals. Portrayals of humans within a scene, describing for example an aspect of daily life, are rare with the exception of a few representations of trapping or hunting. Also present are numerous geometric images and impressions of animal feet, particularly at Bzima 2. The dimensions of the engravings vary according to their age, the largest appearing to be the oldest and, except at Bir el-Awadel, there is no superimposition of engravings. All types of engraving techniques have been used – incisions of various depths and widths as well as picking and pick dressing, sometimes in combination. The few paintings remaining around Kufra are small in size and only the colour red has resisted damage caused by weather. 3. The cameline period found in the el-Uweinat region, especially at Bzima and Rebiana. The rock art of this period consists entirely of engravings – no paintings of dromedaries have been discovered, in contrast to the south-west of Libya. The engraved boulders from this period are generally found close to habitation and burial sites. Images of camels predominate, at times in groups, at times individually, and sometimes accompanied by camel drivers. Other animal species are rare whereas geometric designs regularly appear in conjunction with incised images of camels. There are numerous portrayals of scenes, often of caravans or herds of dromedaries, and in the Gara el-Mekhaze one engraving depicts armed conflict between two opposing groups of men. A few cameline engravings overlap bovidian ones, but most of the time the latter have been respected or at times unskilfully copied. The techniques used include incision, picking, pick dressing and polishing. However it is incision, a technique very easy to execute, which has been most often used. In addition, the great variety in the appearance of the engravings, and in the levels of expertise they reveal, indicates that there has been a succession of many artists expressing the product of their imagination on these boulders. No inscriptions in an ancient language have been found, but there are inscriptions in Arabic, often recent. The cameline period seems at times in our sector of study to correspond with positions of refuge for the populations concerned, probably in response to conflict, in particular raids from neighbouring territories. That is why, as at Rebiana, the sites are among fallen boulders on mountain slopes. However this is not always the case as at Bzima. The “Round Heads” style, found in the Jebel el-Uweinat, is found in our region only in the Karkour Ibrahim. Similarly, in none of the five sites studied have representations from the equidian (or caballine) period so far been found, in contrast to the Akakus region of south-west Libya where they abound. Thus a very clear difference becomes apparent between the cultures of the south-east and south-west of Libya, on either side of the Waw an Namus.
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