Summary: | La structure prototypique en "un de ces… qui très" connue depuis Balzac, est exceptionnellement exploitée par Marcel Proust. Stylème prépondérant dans son œuvre, l’exophore mémorielle est l’un de ces procédés qui permet la description de l’écriture proustienne selon plusieurs angles d’approches. Suivant le rythme de la combinaison stylématique, cette étude se donne pour objectif d’étudier minutieusement le style proustien en se fondant sur les nouvelles théories de l’analyse du discours. Les différents éléments des corrélations seront étudiés non pas seulement dans la langue, mais dans leurs apparitions dans le cadre de la phrase, du texte. L’analyse de la tournure selon une classification typologique nous permet de découvrir la richesse d’emplois des déterminants, leurs relations avec la subordination surtout relative. Cela contribue à mettre au point à chaque fois la qualité que renferme le procédé sur le processus de la création littéraire et de la variation stylistique de la phrase proustienne. L’étude typologique permet de vérifier la diversité formelle qui s’organise dans le cadre d’une figure apparemment identique, mais profondément multiple sur le plan linguistique ainsi que sur le plan stylistique. En fait, les éléments de la structure exophorique articulent une diversité de relations syntaxiques parfois explicites, mais dans beaucoup d’autres cas implicites. La première partie contribue à déceler les valeurs d’emplois des articles dans la stucturation de la phrase. L’ambivalence surtout de la désignation démonstrative confère à dévoiler une palette d’effets stylistiques. Le mode référentiel spécifique renforce les mécanismes de présupposition, de accessibilité référentielle. Dans ce même cadre, la désignation démonstrative qui s’accompagne bien évidemment de particules récurrentes, nous a acheminé vers l’analyse de la monstration et de la question de points de vue. La deuxième partie continue à réceler les rapports des parties de la construction. Dans ce cadre, l’étude des pronoms personnels ouvre sur la combinaison des deux figures : l’exophore, l’ennallage. Les jeux de substitutions des pronoms entre les deux parties constituantes est un angle d’approche qui nous permet d’étudier la problématique des valeurs et emplois des temps. Cette partie met l’accent sur le glissement du temps de la fiction au temps de la doxa. Les différents emplois des formes verbales contribuent à révéler la multiplicité des valeurs aspectuelles et modales et mettent l’accent sur les différents maniements proustien. L’omniprésence d’un procédé au multiples facettes participe à décrire la virtuosité, voire la richesse d’un style-vision. L’exophore permet de ressusciter le passé comme une sorte d’observatoire du temps et d’immortaliser les sensations. La partie finale s'ouvre sur les enjeux poétique du stylème. Il acquiert une fécondité indiscutable dans l’élaboration et la progression textuelle comme un outil d’annecdotisation, un miroir de la polyphonie romanesque. Marquée par l’ambivalence, la binarité de la composition discontinue, l’oscillation entre des pôles fallacieusement antithétiques : passé et présent, réel et imaginaire, norme et écart, l’exophore permet à Proust d’entremêler dans le même cadre phrastique des références intradiégétiques et extradiégétiques et d’associer conjointement des figures comme la métaphore et la comparaison. Plus loin, et en dernier angle d’approche, l’exophore paraît comme un outil du déchiffrement des zones d’ombres du texte : l’implicite et l’ironie. === Balzac was among the first French writers in using the prototypical structure "un de ces... qui très". Marcel Proust made a magnificent use of the same. Memorial exophora became in that way the dominant styleme of his work; so that it is possible to use it as one of the possible keys for an analysis of Proustian writing. This is precisely the object of the present work: a careful study of Proust's style, based on present-day theories of discourse analysis. Correlations will be investigated not only from a linguistic point of view, but also setting every occurrence into the more general frame of the global economy of the sentence and of the whole text. A typological classification of exophoric turns of phrases stresses a great variety in the use of determiners, and a close relationship with subordinates, mostly relative subordinates. This richness of hues makes possible a precise analysis of the paper of such technical devices in the process of literary creation and in the stylistic variations of Proust's sentence. Typological analysis shows a high degree of formal diversity attained within the apparently always identical frame of a same figure of speech; a figure in fact highly plural from a linguistic as well as from a stylistic point of view. Each part of the exophoric structure articulates a variety of syntactical relationships, some of them explicit, most of them implicit. A first part of the present work intends to describe the values in use given to articles as structuring elements of the sentence. An ambivalence of demonstrative designations creates a variety of stylistic effects. A specific referential mode reinforces mechanisms of presupposition and of referential accessibility. So that the study of demonstrative designations, and of the grammatical particles linked to the same, led to an analysis of mostration processes and to the question of the point of view. A second part bears upon the relationships which link together the various parts of the construction. A study of personal pronouns leads to that of two stylistic devices: exophora and enallage. A study of substitutions of pronouns between two constitutive parts sheds light on the question of the values and uses given to different tenses. We describe a transition from fiction time to doxa time. A study of the different verbal forms extant in the text stresses the variety of aspectual and modal values given to the same and sheds light on the way Proust handles them. The ubiquity of a same sytistic device discloses the richness and virtuosity of Proust's highly visual style. Exophora revives the past as a kind of observatory of time and makes sensations immortal.A final part makes explicit what is poetically at stake in the exophora. Exophora is quite an effective tool of anecdotization, a mirror of novelistic polyphony, and as such highly contributes to textual elaboration and progression. As a binary discontinuous composition, exophora is characterized by ambivalence. It fluctuates between fallaciously antithetical poles: past and present, real and imaginary, norm and breach of the norm. It makes possible to intermix within a same sentence frame intradiagetical and extradiagetical references, to bring together by using them at a same time devices such as metaphor and comparison. Finally, we describe exophora as a tool to decipher some of the most abtruse aspects of Proust's text: implicitness and irony.
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