Aspects du sujet dans la philosophie du langage ordinaire

De quelle notion de sujet avons-nous besoin rendre compte de nos pratiques et notamment de notre pratique du langage ? Cette question du sujet et de la subjectivité se pose à nouveaux frais dans le cadre de la philosophie du langage ordinaire et tout particulièrement à partir de la théorie des actes...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Boutevin-Bonnet, Valérie
Other Authors: Bordeaux 3
Language:fr
Published: 2012
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2012BOR30022/document
Description
Summary:De quelle notion de sujet avons-nous besoin rendre compte de nos pratiques et notamment de notre pratique du langage ? Cette question du sujet et de la subjectivité se pose à nouveaux frais dans le cadre de la philosophie du langage ordinaire et tout particulièrement à partir de la théorie des actes de parole de J.L. Austin. En effet, si le langage n’a de signification qu’en tant que parole, et même qu’en tant qu’acte d’un sujet qui prend la parole, le langage ne saurait être un processus sans sujet. Un acte nécessite un agent et si cet acte est un acte de parole, il faut un agent capable de comprendre la signification de ce qui est dit, en d'autres termes, il semble bien qu’il faille un sujet pensant, un sujet psychologique. C’est dans cette voie que s’engagèrent les premières interprétations d’Austin. Les actes de parole donnèrent naissance d’une nouvelle discipline : la pragmatique, où le rôle de l’intention dans la signification est primordial. Or, la philosophie du langage ordinaire se situe dans le projet initial de la philosophie analytique, tel que mené par Frege, Russell et le premier Wittgenstein, qui détachaient la signification de la subjectivité des représentations en la liant à la référence ou dénotation. Le sujet psychologique se trouve alors hors du champ de la pensée et de la vérité. Austin poursuit et radicalise ce projet : dans la théorie des actes de parole, la vérité devient la dimension d’évaluation de certains énoncés à l’intérieur de la catégorie plus générale de la félicité, évaluation qui n’est possible qu’en situant l’énonciation dans son contexte. C’est donc le contexte, et non l’intériorité du sujet parlant qui permet la compréhension. Ainsi, Le sujet des actes de paroles n’est pas le sujet intentionnel du mentalisme. C’est en fait un sujet pensant dont la pensée se lit dans le comportement, un sujet dont la pensée publique se fonde et s’exprime dans des conventions sociales qui le rendent responsables de ses paroles. Le sujet parlant est un sujet social pour qui l’enjeu est de parvenir à trouver et faire entendre sa voix alors même qu’il parle dans les mots des autres, un sujet responsable et mis en position de fragilité car il doit répondre de plus qu’il ne le voudrait. === What kind of a notion of subject do we need in order to account for our practices, and especially our practice of language? The issue of subject and subjectivity is raised anew within the ordinary language philosophy, more particularly within J.L. Austin's speech acts theory. As a matter of fact, if language has a meaning only inasmuch as it is a speech—the speech act of a subject—language cannot be a process devoid of subject. There must be an agent to perform an act, and if the act is a speech act, the agent must be able to understand what is meant, in other words, what seems to be needed is a thinking, psychological subject. Austin's first interpretations actually went down that path. Speech acts gave birth to a new theory: pragmatics, in which intention plays a key role in meaning. Nevertheless, ordinary language philosophy is in continuity with the original project of analytical philosophy as conducted by Frege, Russell and the first Wittgenstein, who separated the meaning from the subjectivity of representations and linked it instead to the reference or denotation. The psychological subject is then excluded from the field of thought and truth. Austin continues and toughens that project. Within the speech acts theory, truth becomes the assessment dimension of some utterances within the more general category of felicity—such an assessment being possible only when the issuing of the utterance is inserted in its whole context. Therefore, what enables comprehension is context, not inwardness. So, the subject of speech acts isn't the intentional subject of mentalism. In fact, it's a subject whose thought is to be read in their behaviour, a subject whose public thought is based on and expressed in social conventions which make them responsible for what they say. The speaking subject is a social subject whose issue is to find their voice and make themselves heard, although they speak in other people's words, a responsible subject in a vulnerable position as they must answer for more than they care for.