Les Lieux de Reverdy

Le concept de lieu intéresse l’analyse littéraire non seulement dans une acception thématique mais aussi en ce qu’il traduit et symbolise la relation du sujet lyrique au monde et au langage, que l’œuvre de Reverdy reconstruit de manière originale. On se propose, dans une première partie, de déc...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Vayrette, Patrick
Other Authors: Bordeaux 3
Language:fr
Published: 2012
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2012BOR30020/document
Description
Summary:Le concept de lieu intéresse l’analyse littéraire non seulement dans une acception thématique mais aussi en ce qu’il traduit et symbolise la relation du sujet lyrique au monde et au langage, que l’œuvre de Reverdy reconstruit de manière originale. On se propose, dans une première partie, de décrire la structuration du monde imaginaire de Reverdy, ce paysage — au sens où le définit Michel Collot — que son œuvre instaure, construit, recompose. S’il est riche de lieux qui se distribuent de manière polysémique, il rend également compte d’une expérience originale de l’existence, en traduit les données les plus personnelles, celles d’un « je » poétique immergé dans un monde qu’il recompose par des lois imaginaires et dont il éprouve l’instabilité essentielle. Ce monde éminemment subjectif — nous sommes, rappelle Jean-Pierre Richard, « en poésie » — et par là-même lacunaire et mouvant, présuppose une place du sujet ancré au monde, et donc lieu exclu du monde tel un point aveugle. Une seconde partie étudie le travail de l’écriture poétique reverdyenne qui conteste et subvertit cette relation. Sous l’influence du cubisme, elle entre en lutte contre l’unité/unicité d’un sujet dont elle mine la vérité, détruit la cohésion, dont elle rêve la diffraction et la dispersion dans un paysage qu’elle investit de manière massive, jusqu’à l’y confondre. L’écriture poétique est donc un moyen privilégié de repenser le lieu, ce Dasein qui concrétise l’existence, et apparaît ainsi comme un lieu de nouage, de fusion, un carrefour où sujet et monde imaginaires se constituent en un lieu de l’œuvre, véritable figure du sujet lyrique, territoire au sens où l’entend Jean-Marie Gleize et dont une troisième partie expose l’essence. C’est là l’occasion de comprendre comment fonctionne l’écriture reverdyenne, quelles sont les grandes forces de l’imaginaire qui s’y met en œuvre, pour en tirer des conclusions sur sa spécificité. === The concept of place is of special interest for literary analysis not only thematically but also in so far as it translates and symbolizes the relation of the lyrical subject to the world and to language, which is reconstructed by Reverdy’s literary work in an original way. The first part of this thesis is devoted to the structuration of Reverdy’s imaginary world, this landscape — as defined by Michel Collot — elaborated, built and recombined. This landscape, made of polysemous places, also translates an original existential experiment, through most personal data, the data of a poetical « I » submerged in a reconstructed world based on imaginary laws and experienced by the author as essentially unstable. This extremely subjective world — we are, as Jean-Pierre Richard reminds us, « in poesy » — thus on a land of gap and constant change, is based on the principle of a subject rooted in the world and thus a place excluded from the world like a blind spot. The second part studies the work of the Reverdian poetic writing that rejects and subverts this relation. Under the spell of Cubism, it fights against the unity/uniqueness of a subject by distorting reality, destructing coherence and dreaming of its diffraction and blurring into a landscape it massively invests in, till melting. Poetic writing is thus a privileged way of rethinking the concept of place, this Dasein materializing existence, and is revealed as a place of binding, of fusion, a crossroad where the subject and the imaginary world are intertwined in a place of the work, true self of the lyrical subject, territory as defined by Jean-Marie Gleize and whose third part presents the essence. We have the opportunity to understand the way the Reverdian writing works, the great forces of the imagination at work in it, so as to be able to conclude on its specificity.