Summary: | Le cancer du col de l’utérus est la première cause de cancer chez la femme en Afrique de l’Ouest, une région du monde où le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sévit de manière endémique. Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’étude du lien entre ces deux pathologies ainsi que des spécificités du dépistage du cancer du col dans le contexte de l’infection à VIH.Notre travail de recherche a été conduit en plusieurs étapes. Une enquête hospitalière a tout d’abord comparée la fréquence du VIH chez des femmes atteintes de cancer du col et chez des femmes atteintes d’autres cancers. Nous avons ensuite mis en place un programme de dépistage des cancers du col par inspection visuelle au sein de trois cliniques VIH à Abidjan offrant cette intervention pendant une période de plusieurs mois. Un échantillon de ces femmes dépistées a enfin été prélevé pour la recherche de papillomavirus humains (PVH). Sur les 152 cas de cancer du col inclus dans la première enquête, 25% étaient VIH-positifs contre 4,7% chez les 257 patientes du groupe de comparaison, donnant un Rapport de Côte (RC) ajusté de 7,6 (3,6 – 16,2) pour l’association entre ces deux morbidités sévères. Un total de 4 046 femmes a été dépisté par inspection visuelle. La fréquence d’un test positif était de 9,0% (8,0 – 10,0) chez les 2 998 femmes VIH-positives et 3,9% (2,7 – 5,1) chez les 1 048 femmes VIH-négatives. La prévalence de l’infection à PVH oncogène était de 33,0% chez les 191 femmes VIH-négatives et de 52,8% chez les 254 femmes VIH-positives ayant pu être testé par PCR. Un taux de CD4<200 cellules/mm3 était associé à la présence d’un PVH oncogène (RC= 2,8 [1,1 – 8,3] Ref. CD4 ≥500). L’infection à VIH est fortement associée au risque de cancer du col ainsi qu’à la présence de ses précurseurs que sont les PVH. La mise en place de programmes de dépistage associé à une bonne reconstitution immunitaire semble être des mesures essentielles pour réduire le fardeau de ce cancer chez les femmes VIH-positives en Afrique de l’Ouest à l’ère de l’accès élargi aux antirétroviraux. === Cervical cancer is the leading cause of cancer among women in West Africa, where infection with the Human Immunodeficiency Virus (HIV) is endemic. This work study the link between these two pathologies as well as the specificities linked to cervical cancer screening in the context of HIV infection. Our research project was conducted in several stages. A first hospital-based study compared the prevalence of HIV in women with cervical cancer and in women with other cancers. We then implement a cervical cancer screening program with visual inspection methods in three HIV clinics in Abidjan during several months. A sample of women screened was finally selected and collected for human papillomavirus (HPV) identification. Of the 152 cases of cervical cancer included during the first study, 25% were HIV-positive compared to 4.7% among the 257 patients of the comparison group, giving an adjusted odd ratio (OR) of 7.6 (3.6 - 16.2). A total of 4,046 women were screened by visual inspection. The frequency of a positive test was 9.0% (8.0 - 10.0) in the 2,998 HIV-positive women and 3.9% (2.7 - 5.1) in the 1,048 HIV-negative women. The prevalence of oncogenic HPV was 33.0% in the 191 HIV-negative women and 52.8% in the 254 HIV-positive women that underwent PCR testing. A CD4 count <200 cells/mm3 was associated with the presence of oncogenic HPV (OR = 2.8 [1.1 - 8.3] Ref. CD4≥500). HIV infection is strongly associated with cervical cancer and the presence of its precursors, oncogenic HPV. The implementation of adapted screening programs combined with good immune reconstitution seems to be key measures to reduce the burden of cervical cancer in HIV-positive women in West Africa in the era of expanded access to antiretroviral drugs.
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