Fiction utopique et modernité anthropologique : L’élaboration d’une figure de l’homme dans « L’histoire des Sévarambes » de Denis Veiras (1676-1678), « Histoire de Calejava » de Claude Gilbert (1700) et « Voyages et aventures de Jacques Massé » de Simon Tyssot de Patot (1710)

Ce travail appréhende le corpus des romans utopiques dits classiques (1676-1710), en articulant trois démarches souvent dissociées. La première concerne leur apport idéologique dans le contexte d'une période de crise profonde de la pensée et s'interroge sur la notion problématique de moder...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Tangy, Lucie
Other Authors: Aix-Marseille
Language:fr
Published: 2012
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2012AIXM3063
Description
Summary:Ce travail appréhende le corpus des romans utopiques dits classiques (1676-1710), en articulant trois démarches souvent dissociées. La première concerne leur apport idéologique dans le contexte d'une période de crise profonde de la pensée et s'interroge sur la notion problématique de modernité. La seconde s'attache à la constitution spécifique d'un univers fictionnel qui confronte deux mondes, le monde européen et le monde utopique, en recourant à des conceptions contemporaines de la fiction comme « monde possible » et comme « version du monde ». La dernière réfléchit l'inscription paradoxale des romans, entre perpétuation et subversion, dans la tradition philosophique et morale classique, et notamment les formes intertextuelles de cette inscription. Des ces options, découle un choix thématique : l'analyse se penche plus spécifiquement sur la vision anthropologique à l'œuvre dans les textes. Les textes projettent en effet dans un monde alternatif une représentation de l'homme faite de schèmes conceptuels et figuratifs qui sont issus de leur univers culturel et philosophique, mais qui sont agencés, recontextualisés et transformés, de manière à participer de déplacements importants, qui seront consolidés par les Lumières triomphantes du second XVIIIe siècle. === The present work focuses on the corpus of so-called “classical” utopian novels (1676-1710), combining three approaches, which are often used separately. The first method deals with their ideological dimension, within the context of a deep crisis in thought, and questions the problematic notion of modernity. The second method tackles the specific constitution of a fictional world, confronting two worlds – the European world and the utopian world –, by resorting to contemporary notions of fiction as “possible world” and as “version of the world”. The third method reflects on the paradoxical inscription of the novels within the classical philosophical and moral tradition, which it perpetuates or subverts, and focuses notably on the intertextual forms of this inscription. These options result in a thematic choice: the analysis focuses more specifically on the anthropological vision at work in the texts. The texts project, in an alternative world, a representation of man composed of figurative and conceptual patterns, which originate from their cultural and philosophical backgrounds, but which are recontextualized, organized and transformed, so as to partake of important displacements, which will consolidate in the triumphant Enlightenment, in the second half o the 18th century. Although modernity stems from a self-creating movement of rupture, in order to postulate a better world, it remains dependent on the old world it attempts to do away with. Classical utopias provide an exemplary laboratory of modernity, by textually actualizing the operations which embody modernity's dynamics, as well as some of its tensions, notably regarding the use of the notion of nature.