Summary: | En Afrique subsaharienne, le nationalisme « imagine » une identité nationale homogène enracinée dans la mythologie de la spécificité africaine qui représente la femme comme un symbole des racines culturelles (le trope de la « Mère Afrique »). Ce travail analyse comment la romancière subsaharienne (la femme objet culturel muet, extra-historique et apolitique) s’approprie le discours nationaliste africain (réimaginer la nation) pour définir une autre identité pour la femme. L’étude sonde l’hypothèse d’un sujet marginal qui se révèle dans des « lieux frontaliers » selon sa ressemblance et son altérité par rapport aux sujets dominants. Elle analyse la nationalité politique (citoyenneté), la nationalité culturelle (africanité), ainsi que leur enchevêtrement dans la nationalité féminine. And They Didn’t Die et Nehanda évoquent les mouvements de libération en l’Afrique du Sud et au Zimbabwe pour recontextualiser l’appartenance culturelle de la femme « pot de culture » entre la tradition de la modernité. Matins de couvre-feu et L’Ex-père de la nation révèlent la désillusion après les indépendances du Sénégal et la Côte d’Ivoire pour déstabiliser la dichotomie des espaces public et privé – un État centré sur l’homme (le « Père-de-la-nation ») et une sphère domestique féminine. Destination Biafra traite le nationalisme ethnique au Nigéria pour aborder la problématique de la nationalité au carrefour des nationalités politique et culturelle : Un Etat (espace géopolitique) définie par des frontières modernes et une Nation (« communauté imaginée ») supranationale définie par une culture précoloniale. === Nationalism in sub-Saharan Africa « imagines » a homogenous national identity embedded in the mythology of African uniqueness, which represents the woman symbol of cultural roots (the “Mother Africa “trope). This study analyses how the sub-Saharan female novelist (the woman as a mute, extra-historical and apolitical object of culture) appropriates African nationalism (re-imagines the nation) to define a new identity for African womanhood. The study tests the hypothesis that a marginal subject reveals itself in “border location” according to its similarity or difference to dominant subjects. It analyses political nationality (citizenship), cultural nationality (Africanness), and their interaction within the representation of female national identity. And They Didn’t Die and Nehanda evoke liberation movements in South Africa and Zimbabwe to recontextualise women’s cultural affiliation (the woman “pot of culture)” between tradition and modernity. Matins de couvre-feu and L’Ex-père de la nation depict the post-independence disillusionment of Senegal and the Ivory Coast to subvert the dichotomy of public and private spheres which construct a male centred State (the “Father of the Nation”) and the woman-centred “domestic” sphere. Finally, Destination Biafra highlights ethnic nationalism in Nigeria to illustrate the problematic of the intertwining of cultural and political nationalities resulting from the paradoxical construction of the African nation-state: A State (a geo-political space) defined by modern borders and a supranational nation (“imagined community”) delimited by the symbolic borders of a pre-colonial culture.
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