Summary: | On a qualifié de « migration des images » le déplacement des images en mouvement depuis les salles de projection jusque dans les salles des musées. Cette « migration » a d’abord constitué le socle initial de ce travail, en fixant les pourtours de son contexte : les images en mouvement, le musée et ses collections, leur dialogue depuis le milieu des années 1990. Délaissant ce sens premier de l’expression, cette étude met au travail son sens figuré : l’idée de migration convie une économie, un système d’échanges, de circulation, un type d’activité propre aux images en mouvement qui élargit ce contexte de départ. La force de ces images se loge dans un geste de décentrement. Leur mobilité les empêche d’accéder à un statut ou à une position dominante. Une résistance à la saisie globale accompagne ces images qui préfèrent les interstices, l’entre-deux, les failles, voire une certaine forme de clandestinité : elles échappent aux normes. Le décentrement qualifiera ici une méthode d’analyse, le choix d’un corpus qui va des années 1970 à nos jours, et la construction générale de cette recherche. Il permet de mesurer des distances, de saisir les sinuosités, les accidents, qui ponctuent l’histoire des images en mouvement. Point de départ : ce travail s’arrime au décentrement historique constitué par la rupture d’avec le discours moderniste dans les années 1970. Les œuvres contemporaines réunies héritent de cette éviction et la discutent. Les trois chapitres, thématiques, commentent ce décentrement qui bouscule les principes muséaux incarnés par l’institution du white cube. L’archive, le document et le jeu : trois façons de contourner les réflexes de l’essentialisme. Fondé sur des études d’œuvres, qui sont autant d’études de cas, accueillant sur un plan qui se veut tabulaire les images, les textes et les films, ce travail rend compte du savoir, étoilé et ramifié, que dispensent, de façon si singulière, les images en mouvement. === The dislocation of images in motion from screening rooms to museum rooms has been addressed in terms of a « migration of images ». This « migration » was the initial foundation of the present work, determining its perimeter: images in motion, the museum and its collections, the dialogue between them from the mid-1990s onwards. Leaving behind the literal meaning of the expression, this study explores its fi gurative senses: the notion of « migration » calls for an economy, a system of exchange and circulation, an activity specific to images in motion that broadens its initial context. The power of images in motion relies upon a gesture of decentering. Th eir mobility prevents them from reaching a dominant position or attaining an important status. Th ese images resist to global analysis, preferring the interstices, the in-between, the faults, and what resembles to a form of underground activity instead. In other words, they resist the standards. Th e notion of « decentering » describes here three different dimensions: an analytical method, the constitution of a corpus ranging from the 1970s to the present-day, and the general conception of this research. Th e concept allows for the measuring of distances, the grasping of certain infl exions, or accidents, which rhythm the history of images in motion. Our starting point is the historical « decentering » illustrated by the break with modernist discourse in the 1970s. Th e contemporary works that we discuss inherit this eviction and comment on it. Our three thematic chapters comment this shift that challenges the museological principles embodied by the whitecube. Th e archive, the document and staging : three ways of circumventing the refl exes of essentialism. Based upon the close study of works, conceived as case-studies, accommodating for images, texts and films within a tabular plan, this work accounts for the singular knowledge provided by images in motion.
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