Summary: | Récusant à la fois les déterminismes naturels et les représentations d’un ordre politique ou moral, l’œuvre de Gary est marquée par une aspiration au dépassement des limites et par une posture de résistance. Face à la haine ou à la barbarie, elle défend les vertus de la dérision et le pouvoir de l’imaginaire et s’engage dans une double démarche de mise à distance et de réenchantement du monde. Nourrie par le traumatisme de la seconde Guerre Mondiale, elle soutient l’idée que l’humain est à réinventer, qu’il n’est pas une donnée préalable mais un fiction à construire, un idéal à atteindre. Artistes et créateurs se doivent donc de contribuer à l’invention d’une nouvelle mythologie de l’homme qui vienne réaffirmer un principe inaliénable de dignité et qui instille dans l’esprit de chacun la force de ne pas désespérer. Mais l’humanisme n’est pas seulement une valeur abstraite ou un horizon à conquérir : il met aussi en question une façon d’être au monde dans le présent. Il s’agit de se prémunir de ce que la réalité peut avoir d’envahissant et de dogmatique en privilégiant des « marges » où l’humain se trouve reconnu dans ses paradoxes et sa fragilité. Loin de l’idéalisme prophétique, ces refuges deviennent un espace propice à l’expression de l’intime et permettent à la fois de se dérober au regard de l’autre et d’échapper à l’injonction des discours de vérité. Façonnés autour des valeurs de l’affectif, ils incitent chacun à se rendre sensible à l’humanité latente du monde. Ils viennent rappeler que, face aux certitudes inflexibles et au principe aliénant de transparence, l’approximation et le mystère ouvrent des espaces de liberté et conditionnent bien souvent la possibilité d’être heureux. === Challenging both apparent determinism and political or moral representations, Gary's work is defined by its predilection for off limit situations and contentious attitudes. Confronted with hatred or barbarism, it will always stand for irony and the power of creativity, involved both in the process of getting detached as well as enrapturing the world anew. Fed on the World War II trauma, it sustains the concept of humanness needing reinvention, not being a set notion but a fiction to be built, an ideal to achieve. Artists and creators owe their contribution to such foundation of a new human mythology upholding the unalienable principle of dignity, thus implanting everyone's spirit with the strength to resist despair. However, humanism cannot be seen just as an abstracted value or some shore to reach, it also implies the actual manner of living in the world. One has to keep clear from whatever overwhelming dogmas reality can impose, by favoring “margins” that will accept human contradictions and frailty. Away from any prophetic idealism, these dedicated spaces become shelters for intimate expression, allowing one to avoid onlookers and escape compelling truth assessments. Shaped around affective values, they bring one to become sensitive to a potential world humanity. Against rigid certitudes and the alienating principle of transparency, they help remember that approximation and mystery can give access to freedom and oftentimes condition the possibility of happiness.
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