Summary: | Positionné dans le champ de la géographie sociale, ce travail porte sur les formes et les logiques des processus de patrimonialisation engagés dans les territoires ruraux. Il fait l'hypothèse que les acteurs engagent simultanément des processus de patrimonialisation et de territorialisation pour reconstruire une durabilité territoriale. En donnant à l'espace une référence temporelle et au temps une emprise spatiale, ce couple nouveau, à penser ensemble dans un espace/temps refondateur, permet aux sociétés de se réapproprier leur être au monde. Cette thèse s'articule autour de quatre parties. En s'appuyant sur les concepts de patrimonialisation et de territorialisation, la première partie fixe le cadre théorique général en mettant en avant que les rapports au temps et à l'espace ne vont pas de soi. Elle aboutit à la formalisation de régimes d'historicité et de géographicité capables de traduire ces inscriptions sociétales différenciées. Puis, la deuxième partie s'attache à analyser ce fonctionnement autour de deux objets symétriques, la grotte Chauvet et le viaduc de Millau, qui révèlent des processus de patrimonialisation identiques mais inversés. Les modalités de construction de ces deux objets montrent que la patrimonialisation et la territorialisation ne peuvent pas être dissociées et qu'elles se nourrissent mutuellement. Cela met aussi en avant le fait que la construction de l'objet s'accompagne d'une valorisation qui perturbe la lecture non marchande stricte. C'est pourquoi, la troisième partie s'appuie sur la notion de ressource territoriale et à partir d'une définition renouvelée, montre qu'elle permet de dépasser les oppositions classiques, objet/sujet et marchand/non marchand, non opérantes dans le cas du patrimoine. De là, l'horizon de mobilisation de ces dynamiques, le développement durable, est questionné et sa formalisation conceptuelle est critiquée. Le patrimoine devient alors le lieu de construction d'une durabilité territoriale maitrisée. La quatrième partie démontre cela en s'appuyant sur l'analyse du couple patrimoine/territoire dans la mise en œuvre de politiques publiques de développement, au sein de contextes culturels différenciés, les Pôles d'Excellence Rurale français et les Pôles d'Economie du Patrimoine marocains. Cela amène à conclure à la nécessité de reconsidérer le développement durable selon une approche pragmatique et non normative, la seule capable de suivre les dynamiques actuelles de réappropriation de l'espace et du temps. Au final, dans un contexte sociétal marqué par des préoccupations fortes en matière de durabilité, cette thèse permet d'apporter une réflexion inédite sur les interactions contemporaines entre patrimoines et territoires, en testant leur fonctionnement dans des rapports distincts à la modernité. === Positioned in the social geographic field this study deals with the logical processes and methods of the heritage process in rural territories. He raised the hypothesis that the main actors are launching simultaneously heritage and territorial processes to rebuild a long-term territoriality. By giving to the space a temporal dimension and to the time a spatial influence, this new match rebuilds a new space-time conception, allowing societies to reconsider and to re-appropriate their own state to the world. This study is based on four different parts. Relying on the patrimonial and territorial concepts the first part establishes the general theoretical aspect by highlighting the fact that the space and time link is not self explanatory and is far to be obvious. This thesis ends with the formalization of systems based on historicity and geographicity, capable of translating these differentiated societal fundamentals. Then the second part analyzes this functioning around two sites : “the Chauvet cave” and “the viaduct of Millau” that disclose identical but inverse heritage processes. The practical details of construction of these two objects show that heritage process and territorialization cannot be dissociate and mutually support each other. This also highlights the fact that the construction of the object is associated with a valorization that interferes with a strict non valuable interpretation. That's why the third part is based on the notion of territorial resource. It shows, from a renewed definition that the territorial resource allow to overtake the classical oppositions, object/ subject and valuable/ non valuable, inoperating in the case of heritage. From there the horizon of mobilization of these dynamics, the sustainable development, is questionned and this conceptual formalization is criticized. Then, heritage process becomes a place of construction for a controlled territorial sustainability. The Fourth part demonstrates this, relying on the analysis of the pour-match heritage/territory implemented by the Public policies for development within differentiated cultural context, the french “Pôles d'Excellence Rurale” et the morocco “Pôles d'Economie du Patrimoine”. Lastly that leads up to conclude to the necessity to reconsider the sustainable development according to a pragmatic and non normative approach, the only one capable of following actual dynamics of reappropriation of time and space. Finally, in a societal context influenced by important concerns in terms of durability, this thesis brings a completely new thinking on the contemporary interactions between heritage and territories, testing their functioning in distinctive connections to the modernity.
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